Afrique du Sud : Julius Malema : la grande inconnue de l’équation électorale.

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Julius Malema

Jamais l’incertitude n’a aussi planée sur des élections générales en Afrique du Sud post-apartheid, jamais la suprématie de l’ANC (Congrès National Africain) sur l’échiquier national n’a été aussi contestée. Jamais les résultats des élections au niveau de certaines provinces n’ont été attendus avec aussi de suspens.

Si le parti du président Zuma a indiscutablement et prévisiblement fini sa campagne électorale sur une bonne note (il a pu réunir plus de 96 000 supporters au FNB stadium de Johannesburg le dimanche 04 mai dernier) la surprise est plutôt venue des plus de 30 000 personnes que le transfuge Julius Malema et son nouveau parti l’EFF (Combattants pour la liberté économique) ont pu réunir le même jour dans la capitale Prétoria situé à seulement quelque 56 km de Johannesburg.

Cette équation, de l’influence sur les résultats des suffrages prochains, que représente Malema et ses combattants est d’autant plus énigmatique que bien que les résultats du sondage fait le mois dernier par l’agence internationale IPSOS ont prédit 4% des votes pour l’EFF, plusieurs observateurs créditent plutôt environ 10 % de votes pour les vaillants combattants.

De plus, ce même sondage de l’IPSOS prévoit bien une défection massive vers la gauche radicale de Malema dans l’électorat de l’ANC de la province du Limpopo, province natale de Malema et aussi la plus pauvre des neufs provinces du pays. Et pourtant la classe sociale des pauvres avait jusque là été un fort bastion de l’ANC.

L’ascension en influence politique de celui qui se veut être le “Fils de la nation” est bien évidente que sa politique économique a donné le ton aux débats et rhétoriques de campagne électorale de la quasi totalités des partis enregistrés pour les élections de 2014 y compris le puissant ANC.

Et ce n’est pas par hasard mais plutôt par crainte que les anciens comrades (camarades de lutte) de Julius Malema, y compris ceux aux cotés de qu’il livraient bataille au sein de l’ANC Youth League (La jeunesse de l’ANC) ont tenté plus d’une fois de perturber d’une façon ou d’une autre ses meetings. Un bon exemple en est le concert organisé par l’ANC à quelque mètres seulement du lieu où Malema et son parti lançaient leur manifeste le 10 avril dernier.

En existence depuis 7 mois seulement, l’EFF, doit cette impressionnante entrée sur scène aussi bien au caractère vibrant et discours populistes de son leader Julius Malema qu’à l’impatience de plusieurs démunis noirs de la nation arc-en-ciel qui en ont ras-le-bol des promesses non tenues de l’ANC et qui en même temps se mefient du DA, le principal parti de l’opposition, qu’ils considèrent comme un défenseur plutôt des riches et de la race blanche.

Malema a pu seduire la classe ouvrière avec son son soutient inconditionnel pour les travailleurs de mine de Marikana, qui avait perdu une trentaine d’entre eux suite à des affrontements avec la police lors d’une manifestation en fin 2012. L’appel à la nationalisation des mines et des concessions agraires a plus que tout rendu Juju très attrayant pour une bonne portion de la majorité noire qui se sent maltraité et extorqué de ses terres et richesses par la minorité blanche.

S’il est bien évident que l’ANC pourra s’approvisionner plus de 60 % des votes le 07 mai, il l’est encore plus que l’EFF pourra au moins obtenir un siége si pas plus au parlement nationale prochain. Quoi de plus dire? On ne sait jamais; peut être même que ces combattants parviendront à arracher une province tout entière du contrôle défaillant de l’ANC.

Quoi qu’il en soit, seul les résultats des élections de mercredi prochain determineront si on assiste déjà au déclin du plus ancien parti du continent africain : l’ANC et si en effet, en Julius Malema, est née un fils bien aimé de la nation de Mandela.

Erick Bukula

Voice Of Congo

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