Ancien quartier général de Sultani Makenga, Chanzu. Voici les preuves de l’appui du Rwanda et de l’Ouganda au M23

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*Des attachés militaires des ambassades des pays membres du Conseil de sécurité accrédités en Rd Congo, ainsi que les membres du Mécanisme conjoint de vérification de la CIRGL ont effectué un déplacement le jeudi 7 novembre 2013 à Chanzu, afin de constater l’impressionnant matériel militaire abandonné par le M23, ainsi que la cargaison d’armes détruites par ce mouvement rebelle avant de prendre fuite

*L’occasion était aussi indiquée pour se rendre compte que les moyens avec lesquels le M23 se battait ne sont pas de la Rd Congo. Impressionnés par la quantité d’armes abandonnées et détruites, les attachés militaires estiment qu’il n’y a que des enquêtes officielles qui pourront préciser le pays de provenance de ces armes

Après la défaite infligée aux rebelles du M23 par les vaillantes FARDC appuyées par les soldats africains de la Brigade spéciale d’intervention, le temps était venu pour la République démocratique du Congo, à travers le ministère de la Défense, de conduire une délégation des attachés militaires des ambassades des pays membres du Conseil de sécurité accrédités en Rd Congo, ainsi que les membres du Mécanisme conjoint de vérification de la Conférence internationale pour la Région des Grands Lacs. Il s’agit des Etats-Unis d’Amérique, la France, la Belgique, l’Allemagne, la Fédération de Russie, de l’Afrique du Sud, de la Tanzanie, de la Zambie, de l’Ouganda, du Rwanda, l’Egypte, de la Rd Congo, sans oublier la MONUSCO, etc.

Et ce, avec pour objectif de constater l’impressionnant dispositif militaire abandonné par les rebelles du M23, ainsi que la cargaison de matériels militaires détruite par le M23 dans sa fuite. Surtout, il était important qu’ils se rendent compte que les moyens avec lesquels cette rébellion de triste mémoire se battait n’étaient pas repris dans l’arsenal militaire de la Rd Congo.

Un véhicule rwandais abandonné à Chengerero

Une brochette de journalistes a été triée à la volée pour accompagner cette importante délégation venue de Kinshasa. C’est sous la pluie que l’avion d’une compagnie privée affrétée par le Gouvernement congolais quittait Kinshasa pour atterrir deux heures plus tard à Goma. Là-bas, des véhicules de marque Prado 4×4 attendaient les journalistes, pendant que les attachés militaires et les membres du Mécanisme conjoint de vérification prenaient un hélicoptère.

Il fallait relever un défi, celui de faire un aller-retour Goma-Chanzu (territoire de Rutshuru), distant de 110 Km et revenir à Kinshasa dans la même journée de jeudi 7 novembre 2013. Mais comme à l’impossible nul n’est tenu et tenant compte des conditions météorologiques difficiles, surtout que l’aéroport de Goma n’est pas balisé, le retour de la délégation à Kinshasa a été renvoyé au lendemain, soit le 8 novembre 2013.

De passage à Kibumba, la presse a vu un char de combat détruit par les bombardiers des FARDC. Il sied de souligner que ce char de combat, tombé en panne, avait été abandonné en novembre 2012 par les FARDC lorsque le M23 accompagné de ses alliés rwandais et ougandais était entré à Goma. Repris par le M23, il va être réparé et dirigé pour attaquer les FARDC. Faute de temps, la délégation n’a plus visité les deux fosses communes découvertes après la fuite du M23 de la base militaire de Rumangabo.

C’est à Chengerero que la délégation de la presse et celle des attachés militaires se sont rencontrées, en présence de Julien Paluku et Martin Kobler, respectivement Gouverneur de la province du Nord-Kivu et Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Rd Congo venus par hélicoptère. Ici, les FARDC ont présenté une Jeep de marque Land Rover appartenant à l’armée rwandaise et abandonnée sur la colline de Chanzu.

Pour les observateurs, cette Jeep est différente des véhicules des FARDC qui sont de marque Land Cruser. C’est donc un véhicule qui a été abandonné à cause de la puissance de feu des éléments des FARDC. Ils n’ont pas pu malheureusement l’évacuer, même s’ils ont brulé d’autres véhicules. Pour Julien Paluku, c’est un élément de preuve à garder dans le musée de la capitulation.

Interrogé par la presse, Martin Kobler a été très impressionné de voir les munitions abandonnées par le M23. « C’est le temps de rentrer dans la normalité », dit-il, avant de constater que les réfugiés sont de retour. Après la victoire, renseigne-t-il, c’est possible d’avoir une vie normale. Il faut restaurer l’autorité de l’Etat, la souveraineté, la police et les services de base. Constatant la fin de la guerre, il pense qu’il faut désormais se livrer aux travaux champêtres et intensifier des échanges économiques dans la Région.

L’obusier, une arme qui peut tirer de 20 à 22 Km

Au bas de la colline de Chanzu, près de 2.000 mètres d’ altitude, la délégation a été accueillie par le Général Bahumba Ambamba, Commandant de la 8ème Région militaire. Il a présenté cette arme appelée Obusier, mesurant 122 mètres et qui a une portée de 20 à 22 Km. C’est au moyen de cette arme que le M23 avait tiré sur Bunagana, tuant et blessant beaucoup de personnes. Et ce, avant de situer la position géographique de la colline de Chanzu qui n’est séparée de l’Ouganda que par Bunagana, et du Rwanda par quelques collines. Chanzu, ce fut le quartier général du M23 et constituait une forteresse pour SultaniMakenga alias Rusangisa.

Par la suite, la délégation a entamé la montée de cette colline qui dépasse de loin celle de Mangengenge à Kinshasa. Ici, toute la délégation a été surprise de constater que Makenga s’était caché dans une forteresse et ne pensait pas un seul instant qu’il en serait délogé un jour. Dans cette cachette, on y a trouvé les armes et munitions évaluées à plus de 300 tonnes. Nous avons aussi appris que le dépôt de munitions était piégé par Makenga et pouvait exploser n’importe quand avant qu’il ne prenne la fuite à partir du Parc Albert pour se diriger enfin dans son pays natal, le Rwanda.

Impressionnés, mais attendons l’enquête

Tous les attachés militaires ainsi que les membres du Mécanisme conjoint de vérification sont d’avis qu’à lui seul, le M23 ne pouvait pas disposer d’un tel arsenal militaire. Obligatoirement, ce mouvement rebelle doit avoir bénéficié d’un appui extérieur du Rwanda et de l’Ouganda. Ce qui n’étonnerait personne, d’autant que plusieurs rapports des experts de l’ONU, des ONG, de même que les témoignages de près de 287 prisonniers de guerre rencontrés à Kanyarushinya, attestent de tout cet appui.

Steve Wermer, attaché de défense belge est très impressionné par la quantité des armes du M23. « Je savais que le M23 avait des armes et des munitions, mais en telle quantité, ça m’a étonné », dit-il, avant d’ajouter qu’il espère qu’il y aura une enquête qui permettra de démontrer que ces armes viennent de tel pays. Il a quand même observé que certaines armes sont de fabrication russe et ne peut donc pas savoir qui les a livrées ? Pour lui, s’il faut dire que les munitions viennent du Rwanda, c’est un chemin possible. Mais ce n’est pas à moi de le dire. Je crois qu’il y aura une enquête qui permettra de savoir qui a fourni en minutions le m23. « Il faut laisser le temps aux enquêtes officielles pour le prouver », conseille-t-il.

D’autres attachés militaires comme ceux de la Russie, de la France, etc. ont tous été impressionnés par ce stock d’armes dont certaines sont d’origine chinoise, et d’autres arabe. Unanimement, ils ont constaté que ces armes proviennent de l’extérieur, mais il faut laisser le temps aux analyses pour découvrir le pays qui les a livrées au M23.

De son côté, Julien Paluku, Gouverneur de la province du Nord-Kivu affirme que ces armes lourdes et ces munitions n’ont jamais été utilisées dans la Région et dépassent même la quantité d’armes dont dispose la Région militaire. Une quantité d’armes qui démontre que c’est le M23 qui approvisionnait d’autres groupes armés de la région.

« Je suis heureux que les attachés de défense prenaient les numéros des armes trouvées. Il ne suffit pas de prendre acte, mais de dire que ces armes qui ne sont pas dans l’arsenal militaire de la Rd Congo viennent de quels pays, établir les responsabilités pour que des sanctions internationales soient appliquées ».

De retour de Chanzu, Goma (Nord-Kivu),

Jean-Marie Nkambua

Source : Groupe L’avenir

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