À la cité du fleuve, il y des bâtiments futuristes et des villas cossus qui rappellent les banlieues nord américaines;
À la cité du fleuve, les voisins ne se rencontrent pas et ne se causent pas. Les relations sont basées sur les clins d’œil dans la terrasse ou du balcon. Ternes et creuses, les gens se regardent en chien de faïence ;
À la cité du fleuve, derrière les murs se cachent des histoires, des tragédies, des drames et mêmes des comédies. Tous les genres y sont représentés sauf qu’ici il n’y a ni scénariste, ni réalisateur. Tout est en décor naturel ;
À la cité du fleuve, quarantaine révolu, ce canadien travaille dans une ONG internationale. À 5000$ le mois, il a transformé son appartement de fonction en autel d’astarté et de Bacchus. Les verres d’alcool coulent à flot et des mineures aussi chaque weekend. Pour 30$, ces fillettes de 15 et 17 ans se transforment aisément en actrices des films xxx;
À la cité du fleuve, lassé par 25 ans de mariage, il a préféré acheter une villa pour sa concubine de 20 ans sa cadette. Il l’entretien à la seule condition qu’elle ne sorte pas et qu’elle ne reçoit aucune visite même des membres de sa famille. Une mastodonte bien musclé veille devant la porte du matin au soir. Elle vient d’une famille pauvre et un jour en rentrant de l’école, il lui a pris en auto-stop. Premier rendez, 300$ d’argent de poche. Depuis lors, elle a vendu sa liberté pour le luxe. Mais quand on se sent seule, frustrée, stressée, même le luxe devient ennuyant ;
À la cité du fleuve, ils sont venus en séminaire de formation pour le compte de leurs entreprises, filiale d’une multinationale. Ils habitent dans un même appartement mais deux chambres séparées. Un jour au salon, ils regardaient la télévision ensemble et après un baiser fougueux dans une novelas. Les deux se sont sentis attirés, lui français et l’autre hongrois. Depuis lors, une relation homosexuelle est née. Ils ont honte d’afficher leur relation en public puisque tous les deux sont des citoyens respectables et honnêtes, mariés et pères de famille. Mais au fond…Pas si mariés que ça ;
À la cité du fleuve, elle vient de Bruxelles. Après le divorce avec son mari, elle a décidé de rentrer au pays pour y investir. Elle a obtenu un crédit et a acheté un appartement. Elle vit toute seule et le soir, elle traine le long du fleuve au coucher du soleil. Un jour, elle est tombée sur un pêcheur qui lui a vendu un bon capitaine. Depuis lors, c’est chez lui qu’elle s’approvisionne en poisson de toutes sortes. Un jour, elle attendait le pêcheur, elle avait envie de manger le mongandja, un poisson du fleuve. Mais le pêcheur ne venait pas, elle s’inquiéta mais rien, il n’est pas venu ni demain ni les jours suivant. Elle demanda un jour à un autre pêcheur ce qu’il était advenu. On lui apprends que le pauvre pêcheur est décédé. Connaissant les goûts de sa cliente, il voulait lui faire plaisir en cherchant des bons poissons milieu du fleuve. Un hippopotame renversa son embarcation…Les pêcheurs ont parlé d’un esprit de l’eau: Mami wata ou Elima surement ;
À la cité du fleuve, la pauvreté est à la porte de luxe. Du haut de leurs balcons, les Richards observent la misère émanant des bicoques de Kingabwa pêcheurs. Les maisons en matériaux non durables, les débits des boissons traditionnels “aguène”, les enfants au ventre bedonnant courant ça et là, pleurant à tout vent, les fumées de brasero qui fulminent au loin, etc. La pauvreté réduite à sa plus simple expression…Une goutte de larme jaillit de la joue de Fatima qui observe un enfant de 6 ans qui pagaie aux encablures de la cité…Elle esquive rapidement ce spectacle désolant, ce n’est pas elle qui résoudra tous les problèmes du monde.
Déjà que son mari la trompe avec la bonne. Elle venait juste de les surprendre sous la douche ce matin. Elle méprise cette misère qui détruit les foyers des riches ;
À la cité du fleuve, il se réjouit avec sa petite métisse autour des whisky et champagnes. Il a détourné plus de 4 millions de $ d’un projet de construction d’une route de desserte agricole. Il a acheté 2 villas qui viennent s’ajouter à 5 parcelles qu’il a déjà dans la ville. Pourtant au village de Kimpangu, il y aura des enfants qui mourront de faim et des maladies, des hommes et des femmes qui perdront autant des semences et des récoltes, un village entier disparaîtra à cause de lui;
À la cité du fleuve, les pleurs des uns se confonds dans le calme plat du lieu. Tout ici est artificiel y compris les échassiers qui lorgnent les jardins mais la pauvreté de Kingabwa pêcheur juste à côté, est naturel, normal et supportable…De toutes les façons, le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Par Bishop Mfundu