Le FCC, la coalition LAMUKA ainsi que les laïcs catholiques et protestants ont repris des contacts pour des nouvelles actions le jeudi dernier en marge du débat sur la loi électorale au niveau de l’Assemblée nationale.
L’idée est de relancer les activités du bloc patriotique dans le cadre de réformes consensuelles institutionnelles.
Une rencontre qui intervient après plusieurs actions, dont les sit-in et les manifestations publiques organisées par le bloc patriotique regroupant les forces politiques et sociales du pays en 2021 pour protester contre la politisation de la CENI et la taxe RAM.
Des concertations qui rappellent sans doute le principe selon lequel: “les alliances se font et se défont.”
Qui aurait cru qu’un jour Martin Fayulu et Joseph Kabila se mettront ensemble et parleront un même langage?
Alors qu’il entamait une tournée Internationale pour réclamer la vérité des urnes en mars 2019, Martin Fayulu a accordé une interview à la presse et à la question de savoir ce qu’il pensait du Président Félix Tshisekedi, voici quelle a été sa réponse :
“Monsieur Tshisekedi n’a aucune légitimité et il n’a aucun contrôle parce qu’il a été désigné par Monsieur Kabila qui contrôle tout. Or, le peuple a voulu le changement mais le système Kabila demeure, Monsieur Tshisekedi n’est qu’un masque. Si on veut se contenter du statu quo, c’est très bien. Si on veut respecter la volonté du peuple, il faut du changement. Nous partageons tous des valeurs judéo-chrétiennes, notamment des valeurs comme le respect et l’intégrité. Ces valeurs sont-elles respectées dans le cadre des élections congolaises ? Non, évidemment. Si on a établi de nouvelles règles dans nos démocraties, il faut nous le dire. Si on joue désormais à qui perd – gagne, allons-y et disons aux Congolais: faites tout pour perdre parce que, ainsi, c’est vous qui serez les vainqueurs.”
Il s’avère que depuis, son discours narratif a bel et bien évolué jusqu’à qualifier Félix Tshisekedi de dictateur.
“Monsieur Félix Tshisekedi veut instaurer la dictature dans ce pays. Pour lui, les élections à venir sont un danger parce qu’il sait qu’il n’est pas légitime. Il ne peut pas gérer convenablement le pays. Il lui faut donc chercher des subterfuges pour lui permettre de demeurer le plus longtemps possible au pouvoir.”, avait dit l’opposant en marge de la marche du 29 septembre 2021.
Et puis accusant le Président Félix Tshisekedi de préparer la fraude électorale après l’entérinement des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) par l’Assemblée nationale au terme d’un processus controversé, Martin Fayulu a appelé à la formation d’un bloc patriotique contre la « dictature fatshiste ».
« je lance un appel solennel à toutes les forces réellement acquises au changement à la constitution d’un grand bloc patriotique contre la dictature fatshiste qui se met en place dans la négation et le mépris total de la souveraineté du peuple congolais. Ce bloc aura comme mission principale de faire échec à ce macabre projet de fraude électorale », avait dit Martin Fayulu.
Et depuis un rapprochement a été fait avec le Front Commun pour le Congo (FCC), les laïcs catholiques et protestants dénommés CLC (Comité Laïc de Coordination) et Milapro (Ministère des Laïcs Protestants).
Ces alliés de circonstance ont organisé une marche ce samedi 13 novembre 2021 à Kinshasa pour protester contre la politisation de la Ceni (Commission Electorale Nationale), les présumées dérives dictatoriales du pouvoir actuel et des soi-disant velléités de glissement du processus électoral.
Une alliance contre nature très mal perçue par les observateurs, scellée entre des acteurs politiques ainsi que des laïcs chrétiens (catholiques et protestants) victimes hier de privation de liberté d’expression, d’agressions physiques, d’arrestations, d’emprisonnement et, plus grave, d’éliminations physiques, avec des dignitaires « kabilistes » regroupés au sein du FCC (Front Commun pour le Congo), leurs tortionnaires et tueurs d’hier.
Plusieurs s’étaient interrogé sur les larmes versées par Martin Fayulu, Adolphe Muzito et tous les autres lors des funérailles des différentes victimes des represailles du regime de Joseph Kabila notamment Combattants de l’UDPS, des dizaines voire des centaines de compatriotes avaient perdu leurs vies, lors des marches des chrétiens, en l’occurrence la religieuse Thérèse Kapangala, Rossy Mukendi, etc.
Par quelle blanchisserie nationale sont passés ces ennemis de la démocratie pour se positionner aujourd’hui en donneurs de leçons d’Etat de droit, de bonne gouvernance, de démocratie, de justice? se sont interrogés les observateurs.
Il est plus que clair, depuis 3 ans, le discours narratif de Martin Fayulu a fortement évolué.
Est il que depuis 3 ans, le Président de l’ECIDE ne s’est jamais attaqué à Kabila ou ses proches en dépit des scandales sur sa gestion du pays. On peut citer notamment : le salaire exorbitant et les avantages de l’ancien Président, le détournement de l’argent du trésor public via les cartes prépayées, etc.
Bien au contraire, Martin Fayulu a fait la publicité de Kabila en lui donnant une nouvelle vie politique au cours de ses meetings avec le slogan : “c’est Kabila qui dirige.”
Par sa prise de position qui s’aligne derrière la stratégie politique du FCC, qui exige le dialogue et le consensus sur des questions importantes de la vie de la République, Martin milite visiblement derrière FCC.
Alors que le FCC milite pour le retour au pouvoir de Joseph Kabila, il apparait clairement que Martin Fayulu mène un combat politique pour lequel il risque de ne pas être pas le premier bénéficiaire.
Il risque lui même de devenir ce qu’il a toujours accusé son ancien allié Félix Tshisekedi, “Pantin de Kabila.”
Il est clair que Martin Fayulu a évolué tant dans son discours que dans sa posture politique depuis 3 ans vis à vis de Félix Tshisekedi (Ennemi) et de Joseph Kabila (Ami).
Mais une question demeure: Qui va diriger le bloc patriotique ?
Bishop Mfundu
