Burundi: intraitable, Nkurunziza menace de recourir à la force contre des troupes de l’UA

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Kurunziza

 

Le président burundais Pierre Nkurunziza a adressé mercredi une virulente mise en garde contre l’envoi dans son pays de troupes de l’Union africaine (UA), prévenant que le Burundi s’y opposerait par la force, ce qui augure mal de la suite du dialogue inter-burundais.

Bujumbura avait déjà rejeté l’annonce par l’UA mi-décembre de la création d’une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), en avertissant que si son déploiement avait lieu sans son aval, elle serait considérée comme une «force d’invasion et d’occupation».

Mais M. Nkurunziza, qui ne s’était pas encore exprimé publiquement sur le sujet, s’est montré beaucoup plus explicite lors d’une conférence de presse ouverte au public, à Gitega, dans le centre du pays.

«Tout le monde doit respecter les frontières du Burundi. Si les troupes (de l’UA) viennent (…), elles auront attaqué le Burundi, et chaque Burundais devra se lever pour les combattre. Le pays sera attaqué et nous les combattrons», a-t-il affirmé en kirundi, la langue nationale.

Le président burundais a invoqué plusieurs raisons pour ce refus de la Maprobu – qui devrait compter 5.000 hommes – dont le fait qu’on «ne peut pas envoyer de troupes dans un pays si le Conseil de sécurité des Nations unies ne l’a pas accepté».

Or «la résolution des Nations unies (votée à la mi-novembre, ndlr) dit que la communauté internationale doit respecter l’indépendance du Burundi, et doit respecter les frontières du Burundi», a-t-il expliqué.

L’Union africaine a soumis sa proposition à l’ONU. La présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a écrit au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour lui demander le «soutien entier» des Nations unies sur ce sujet.

Le Conseil de sécurité ne s’est pas encore prononcé sur cette initiative, mais a indiqué en avoir «pris note avec intérêt». Aucun détail n’a encore été fourni sur la manière dont la Maprobu serait constituée et sur la date de son déploiement.

– ‘pas une question politique’ –

M. Nkurunziza a également estimé que l’envoi d’une mission de paix pouvait se justifier «quand il y a deux forces belligérantes qui s’accordent sur une force d’interposition».

«Ce n’est pas le cas ici, car nous faisons face à un problème de sécurité. Ce n’est pas une question politique, car celle-ci a été réglée par les élections» de juillet, a-t-il estimé.

Le chef d’Etat burundais a ainsi opposé une cinglante fin de non-recevoir à Mme Dlamini-Zuma, qui s’était déclarée mardi prête «à engager sans délai des discussions avec le gouvernement du Burundi afin de convenir des modalités de déploiement» de la Maprobu.

Celle-ci «contribuera grandement à créer des conditions favorables à l’aboutissement du dialogue inter-burundais», avait-elle fait valoir.

La fermeté de M. Nkurunziza, dont la candidature fin avril à un troisième mandat, que l’opposition, la société civile et une partie de son camp jugent contraire à la Constitution et à l’Accord d’Arusha ayant mis fin à la guerre civile (1993-2006), présage mal de la suite de ce dialogue.

Interrompu depuis juillet, quand la partie gouvernementale s’en était retirée deux jours avant la présidentielle, qui avait débouché sur la réélection de M. Nkurunziza, il est censé reprendre le 6 janvier à Arusha, en Tanzanie.

Mais Bujumbura a déjà fait savoir qu’il n’y avait «pas de consensus» sur cette date décidée par le président ougandais Yoweri Museveni, médiateur désigné par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC), lors d’une première prise de contact entre les différentes parties lundi à Entebbe, en Ouganda.

Mme Dlamini-Zuma a cependant prévenu mardi que «tous ceux dont l’action pourrait compromettre le dialogue inter-burundais», ce qui inclut le refus de répondre à une invitation du médiateur, «feront l’objet de sanctions», sans dire lesquelles.

Les violences au Burundi ont déjà fait plusieurs centaines de morts et poussé plus de 200.000 personnes à quitter le pays, selon l’ONU.

AFP

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