Selon un communiqué diffusé lundi en boucle sur la télévision nationale, « le président de la République soutient pleinement la démarche de la CENCO ». Une position diamétralement opposée à celle défendue, vendredi 2 décembre, par Alexis Thambwe Mwamba, co-modérateur de la MP au dialogue de la cité de l’UA. Ce revirement n’est pas moins un désaveu de la MP par son autorité morale.
Les violons ne semblent plus s‘accorder au sein de la MP.
Le chef de l’Etat et sa famille politique n’ont pas la même perception des consultations menées par la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo). El les font l’objet de graves divergences.
Contrairement à la position de sa famille politique, annonçant avec fracas l’échec de la médiation des évêques, le président de la République encourage plutôt les princes de l’Eglise catholique à poursuivre leur mission de bons offices.
C’est à travers un communiqué laconique, qui a défilé lundi en boucle sur les antennes de la télévision nationale, que la présidence de la République a remis les pendules à l’heure. Elle s’est démarquée fondamentalement de la position affichée, vendredi 2 décembre, par Alexis Thambwe Mwamba, co-modérateur pour le compte de la MP au dialogue de la cité de l’UA. Le ton du communiqué est direct : « Joseph Kabila encourage la CENCO à aller de l’avant dans la mission de bons offices». Le chef de l’Etat, également autorité morale de la MP, a tranché. C’est le moins que l’on puisse dire.
A l’approche de la date apocalyptique du 19 décembre 2016 marquant la fin du deuxième et dernier mandat du président de la République, conformément à la Constitution, la psychose gagne du terrain. Le chef de l’Etat, au parfum de l’actualité, n’a pas feint d’ignorer cette réalité. Aussi a-t-il évité de s’engager sur la ligne dure des caciques de sa famille politique.
L’APPEL DE L’EGLISE
Devant pareille situation, seuls les Congolais ont la possibilité d’éviter que le pays ne tombe dans le chaos. Il en était d’ailleurs question, hier lundi, sur les antennes de la radio Okapi avec l’émission « Dialogue entre Congolais ».
Sur le plateau, l’abbé Nshole de la CENCO, André-Alain Atundu de la MP et Delly Sessanga du Rassemblement ont débattu sur les consultations initiées par les évêques pour ramener le plus vite possible la paix er RDC. Lés uns et les autres ont étalé leurs contradictions. Ce n’est pas pour autant que l’Eglise désarme. Optimiste, l’abbé Nshole pense qu’« un compromis peut être trouvé». « C’est une question, note-t-il, de volonté des uns et des autres (…) les divergences étant de nature à être surmontées ».
Lorsque certains l’accusent de partialité, l’abbé Nshole recadre: «La CENCO n’est pas demandeur d’emploi. Mais, elle est prête à offrir ses bons offices pour ramener la paix en RDC ». Dans les deux camps, on ne s’y oppose pas. Mais, les approches divergent.
Sur ce point précis, Delly Sessanga confirme toute la disponibilité du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement d’engager des négociations directes avec les signataires de l’accord politique de la cité de l’UA.
«Nous sommes prêts depuis très longtemps. Nous avons fait preuve de flexibilité et d’ouverture » pour parvenir à un accord global. Delly Sessanga prévient cependant qu’« il n’y a pas d’adhésion à faire » par rapport à l’accord négocié le 18 octobre 2016 entre la MP et ses alliés. « Nous appelons à un dialogue sincère qui résolve le vrai problème qui se pose au pays», a-t-il précisé.
André-Alain Atundu n’écarte pas cette option. Toutefois; il nuance : « La Majorité présidentielle privilégie toujours le dialogue, mais pas à n’importe quel prix».
Craignant le pire, l’abbé Nshole continue à jouer à l’apaisement : « L’heure n’est plus aux calculs politiciens. Le moment est venu pour que le peuple soit considéré dans sa souffrance ». Et de prévenir : « Tant qu’il n’y pas d’accord global, il y aura une période d’incertitudes. C’est une situation à éviter».
C’est à cette tâche qt.ie s’attèle la CENCO qui, mandatée par le chef de l’Etat, a reçu mission de rapprocher les différents camps opposés, d’un côté la MP et ses allies de la cité de I’UA, de l’autre, le Rassemblement et ses alliés. L’initiative est louable. Dans la mesure où il s’agit de tirer le pays du chaos après le 19 décembre. Tous les observateurs sont d’avis qu’après cette date, tout peut arriver. Et personne, prédisent-ils, n’en sortira gagnant. Que ce soit la MP ou l’aile dure de l’Opposition.
Comme l’a si bien rappelé l’abbé Nshole sur radio Okapi, « on est à un moment où il faut que les deux parties à la crise se parlent en prenant un engagement ferme de parvenir à un accord global, garant de la paix».
Hier lundi, le chef de l’Etat a préféré suivre la voie de la sagesse, en se détournant de la ligne dure prônée par sa famille politique. Le pas ayant été franchi, le président de la République doit aller jusqu’au bout de sa logique.
LA DÉSILLUSION
Pour rappel, dans un communiqué publié, vendredi 2 décembre, la CENCO a fait part des «divergences qui nécessitent des échanges directs » entre les deux camps. Ces échanges devraient porter essentiellement sur le respect de la Constitution, le processus électoral, le calendrier, le financement des élections, le fonctionnement des institutions pendant la transition ou encore sur des mesures de décrispation politique à prendre.
Aussitôt, la MP a crié à l’échec de la mission de la CENCO, donnant l’impression d’être partisane du chaos, Dans un communiqué publié le même jour le co-modérateur de la MP au dialogue de la cité de l’UA a dit avoir « pris acte de l’échec de la mission de la CENCO du fait des contradictions flagrantes au sein des forces politiques et sociales non signataires de [accord politique et certain es de leurs exigences attentatoires à l’esprit et à la lettre de la Constitution de la République». Par même occasion, la MP invitait « le président de la République et les autres institutions compétentes ainsi que le facilitateur du dialogue politique à poursuivre la mise en œuvre dudit accord».
Une position que vient de rejeter carrément le chef de l’Etat. Dans la MP, c’est déjà la désillusion.
Par LE POTENTIEL