Des milliers de réfugiés centrafricains en RDC. Kinshasa devra éviter le syndrome rwandais

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La situation sécuritaire préoccupante en Centrafrique intéresse au plus haut point la République démocratique du Congo du fait qu’elle lui est frontalière ; jusqu’à ce jour, plus de 47.000 centrafricains trouvent refuge dans différentes villes de l’Equateur. Etant donné que parmi eux on compte des éléments incontrôlés des ex-rebelles Selekas et des miliciens anti-Balakas, le gouvernement de la République est interpellé pour ouvrir l’œil et le bon afin de ne pas faire vivre aux populations de l’Equateur le syndrome rwandais créé en 1994 par la communauté internationale qui, à la longue, s’est avéré très préjudiciable à l’endroit des populations du Kivu

La République centrafricaine, pays frontalier à la République démocratique du Congo, est en ébullition depuis quelques mois. La situation sécuritaire qui y prévaut est des plus instables.

Selon radiookapi.net, plus de 1. 800 nouveaux réfugiés centrafricains sont arrivés entre dimanche 15 et lundi 16 décembre à Zongo. Ce chiffre porte à environ 3 200 le nombre de réfugiés centrafricains dans cette seule ville congolaise. Quatre cents autres sont à Libenge depuis les derniers affrontements sanglants entre les ex-rebelles de la coalition Seleka et les miliciens Anti-Balaka à Bangui. Hommes, femmes et enfants traversent par centaines la frontière, pourtant fermée officiellement, le long de la rivière Ubangi.

A en croire Céline Schmitt, la chargée des Relations extérieures au Bureau régional du HCR, les personnes qui traversent la rivière sont courageuses dans la mesure où elles bravent le danger de mort. « Il s’agit surtout de femmes et d’enfants qui disent fuir l’horreur, les violences et les exactions à Bangui. Ces personnes qui traversent font preuve d’énormément de courage puisqu’elles nous disent qu’elles risquent d’être tuées en traversant.

Mais, malgré cela, elles font le choix de traverser pour chercher la sécurité et la protection à Zongo. », a-t-elle déclaré à la presse avant d’ajouter qu’ « Il nous faut plus de ressources aussi pour pouvoir gérer cette situation, pour pouvoir accueillir les gens quand ils arrivent, leur donner un abri d’urgence, leur donner un repas chaud et ensuite pour pouvoir les relocaliser vers le camp de Mole », a expliqué Céline Schmitt.

Plus de 47.000 réfugiés centrafricains en Rdc

Selon le bureau du HCR à Mbandaka, jusqu’à lundi 16 décembre, 877 nouveaux réfugiés ont été relocalisés au camp du HCR de Mole ; alors que 600 autres se trouvent dans des familles d’accueil à Zongo. Dans le territoire de Libenge, le camp de Boyabo, a, quant à lui, accueilli 403 personnes qui sont venues de Batanga. A Libenge-centre, on estime à mille le nombre de réfugiés reçus dans des familles d’accueil. Dans la localité d’Elaka, située non loin de Libenge, le HCR estime à 500 le nombre des réfugiés vivant dans des familles d’accueil. Mais cette localité est inaccessible.

A Batanga, des Centrafricains arrivent par vagues successives de petits groupes. Dimanche, le bureau du HCR faisait état de l’arrivée sur place de 61 personnes.

Le bureau du HCR à Mbandaka signale l’arrivée de certains éléments incontrôlés de l’ex-coalition rebelle de la Seleka à Gbadolite, en même temps que celle des refugiés civils qui ont traversé à Ngele. Cette localité étant aussi difficile d’accès par véhicules, le HCR envisage d’y envoyer des agents sur des motos pour une évaluation de la situation exacte des réfugiés.

Actuellement, plus de 47. 000 réfugiés centrafricains vivent en RDC. Environ plus de 20 000 ont déjà été transférés dans les quatre camps de réfugiés créés par le HCR, a encore indiqué Céline Schmitt. Trois de ces camps se situent dans la province de l’Equateur et un en Province Orientale.

Ces nouveaux réfugiés centrafricains ont traversé la frontière pourtant fermée par les autorités centrafricaines depuis le jeudi 5 décembre. Ils rejoignent sur le sol congolais leurs compatriotes, qui avaient fui les affrontements entre les militaires fidèles à l’ex-président François Bozizé et les ex-rebelles de la Seleka, qui ont pris le pouvoir à Bangui depuis mars dernier.

Faire éviter le syndrome rwandais aux populations de l’Equateur

Il va de soi que la situation qui prévaut en République centrafricaine ne peut pas ne pas intéresser la République démocratique du Congo. Ce, dans la mesure où elle lui est frontalière. Car, un adage africain dit que quand la case du voisin brûle, il faut lui venir en aide au nom de l’hospitalité africaine ; et en même temps prendre des dispositions utiles pour que la sienne ne connaisse pas le même sort.

L’hospitalité de la République démocratique du Congo est légendaire. Personne ne peut en douter. Cependant, le pays de Kabila doit faire tout pour faire éviter aux populations de l’Equateur le syndrome rwandais. En effet, il y a une vingtaine d’années, précisément en 1994, le Rwanda avait connu la catastrophe avec l’assassinat de son président Habyarimana dont l’avion avait été abattu. Et, avec la bénédiction de la communauté internationale, des milliers des Rwandais (de souche hutu) avaient traversé la frontière pour s’établir en République démocratique du Congo, à la faveur de l’opération turquoise initiée par les Français.

Et maintenant, les Congolais font les frais de leur hospitalité congolaise, « zaïroise à l’époque », avec la création des FDLR (Front de Libération du Rwanda) qui, depuis des décennies, créent la désolation, le pillage et la mort à l’endroit des populations autochtones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu du reste innocentes. Il leur a été demandé de déposer volontairement les armes faute de quoi, les vaillantes Fardc (aidées du bataillon d’intervention des Nations Unies) les y contraindront par la force.

Les ex-rebelles Selekas et les miliciens anti-Balaka parmi les réfugiés centrafricains

Si nous interpellons le gouvernement de la République à ouvrir l’œil et le bon, c’est compte tenu du fait que parmi les milliers de refugiés centrafricains se trouvent bon nombre d’éléments incontrôlés des ex-rebelles Selekas et les miliciens anti-Balaka fuyant l’armée française et les forces africaines chargées de les traquer en vue de les désarmer. Rien ne nous dit qu’ils n’ont pas amené avec eux en Rdc des armes avec lesquelles ils se sont fait la guerre. Dès lors, il faut craindre qu’ils se réorganisent, comme les FDLR, pour commettre des exactions à l’endroit des populations autochtones de l’Equateur.

Signalons que la frontière congolo-centrafricaine est officiellement fermée (par les autorités centrafricaine). D’où, la traversée de la rivière Ubangi des milliers de réfugiés centrafricains se fait à leurs risques et périls. La révocation de trois ministres centrafricains et d’un directeur du trésor par le président provisoire Michel Djotodia que le Quai d’Orsay (ministère français des Affaires étrangères) a récusée rend encore plus incertaine la situation en Centrafrique. Laquelle révocation n’a pas été contresignée par le Premier ministre centrafricain.

L’Avenir

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