Dialogue en RDC : complot contre la République ?

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Des millions de Congolaises et de Congolais, chauffés à blanc par la classe politique nationale et la communauté internationale autour des vertus d’un dialogue inclusif pour baliser la voie de la tenue d’élections démocratiques, transparentes et apaisées au pays, sont curieusement « cloisonnés » au moment d’être correctement renseignés sur son déroulement. Conviés à suivre en direct la cérémonie d’ouverture sur la chaîne de radio et de télévision nationale le jeudi 1er septembre 2016, de nombreux compatriotes de Kinshasa, des provinces et de l’étranger attendaient de pied ferme le « plat de résistance », à savoir les débats en plénières, entre les parties prenantes, même si le « Rassemblement » est absent à la Cité de l’Union Africaine.

Mais, depuis le lundi 05 septembre, jour du démarrage effectif des travaux, ce ne sont que des communiqués laconiques de la « Facilitation » et des bribes d’informations échappées des bouches de quelques participants qui tombent dans l’opinion tant nationale qu’internationale. Pour des raisons non élucidées, le Facilitateur Edem Kodjo, en accord certainement avec son équipe des co-modérateurs et co-modérateurs adjoints, a décrété le huis clos systématique sur les travaux en commissions comme en séances plénières.

C’est fort suspect car même à Sun City, où s’étaient retrouvés à la fois seigneurs de guerre, opposants non armés et activistes de la Société Civile, les plénières étaient largement ouvertes à la presse.

La question qui vient naturellement à l’esprit est celle de savoir s’il y a des choses à cacher aux Congolais à la Cité de l’Union Africaine. Au regard des matières inscrites à l’ordre du jour et consignées dans la « Feuille de route du dialogue », on continue à se demander ce qui pourrait gêner la Majorité Présidentielle, l’Opposition ou la Société civile. On peut rappeler, à l’occasion, que le « Comité préparatoire » du dialogue avait adopté les thèmes suivants : 1. Evaluation du processus électoral ; 2. Fichier électoral ; 3. Séquence des élections : 4. Mesures de confiance ; 5. Calendrier électoral ; 6. Mesures d’équité et de transparence du processus électoral ; 7. Sécurisation du processus électoral ; 8. Sécurité des personnes sur toute l’étendue du territoire national ; 9. Budget et financement des élections ; 10. Code de bonne conduite lors des élections ; 11. Accord politique et mécanismes de sa mise en œuvre et de son suivi.

Ni « secret d’Etat », ni « Secret-défense », ni outrage à l’autorité

Selon la « Feuille de route » du dialogue, celui-ci « a pour but principale la réunion des parties prenantes congolaises, sur la base de la présente Feuille de route, afin de réfléchir, d’échanger et de débattre, en toute liberté et sans contrainte, des voies et moyens de l’organisation d’élections crédibles, transparentes, apaisées et inclusives en République Démocratique du Congo, dans le respect de la Constitution et conformément aux autres textes et instruments nationaux et internationaux pertinents ».

Quiconque peut constater, à la lecture des points inscrits à l’ordre du jour, que les onze matières ciblées par le « Comité préparatoire » du dialogue n’entrent ni dans la grille des « secrets d’Etat », ni des « Secrets-défense » ni d’outrage à une quelconque autorité. Pourquoi chercher alors à se cacher s’il est réellement question de parler du processus électoral, du fichier électoral, de la transparence du processus électoral, du financement des élections et de l’accord politique ?

Suite au refus de permettre au grand nombre de suivre en direct, à la radio et à la télévision nationale, des débats sur des problèmes qui concernent l’avenir et le devenir de la Nation, tout citoyen congolais est maintenant tenté de soupçonner les participants au dialogue de vouloir comploter contre la République. Et, dans ce créneau, des allusions sont vite faites au renvoi des élections aux calendes grecques et la mise en œuvre d’un accord politique visant le partage des postes au sein des institutions d’une nouvelle transition, des entreprises publiques, de la territoriale, de la diplomatie, et pourquoi pas de l’armée, de la police et des services de sécurité.

Mais, s’ils ont effectivement l’intention de cautionner un « glissement collectif » et d’établir un nouvel ordre politique et
institutionnel, à l’image de celui de la Table Ronde de Bruxelles ou du Dialogue intercongolais de Sun City, qu’Edem Kodjo et les participants à ce qui s’apparente de plus en plus à une messe noire à la Cité de l’Union Africaine aient le courage d’abattre leurs cartes.

Cela permettra à la « majorité silencieuse » soigneusement tenue dans l’ignorance de ce qui se trame du côté du Camp Tshatshi de prendre acte.

Kimp

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