Dossier Sai Sai : Kinshasa retient son souffle

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Fiston Sai Sai2

Tribunal de paix de la Gombe, siégeant en chambre foraine à la Prison Centrale de Makala, a clos les débats depuis le jeudi 05 mars 2015 dans l’affaire Sai Sai, un dossier de présumé viol sur mineure dans lequel serait impliqué l’artiste comédien précité. Tout Kinshasa retient son souffle car l’officier du ministère public a requis 20 ans de prison contre l’incriminé, en détention préventive depuis le 28 janvier 2015.

Annoncé initialement pour ce jeudi 12 mars, le prononcé du jugement a été remis à une date ultérieure. Ce que l’opinion publique attend de la justice, c’est l’éclatement de la vérité. Car, au stade où se trouve le dossier, plusieurs zones d’ombres n’ont toujours pas été éclairées. C’est, entre autres, l’agenda de Fiston Mafinga dit Sai Sai le jour des faits, c’est-à-dire entre le 27 février à 22h30 et le 28 février à 1 heure du matin. Tout au long de l’audience, il n’a pas été démontré formellement que Sai Sai se trouvait dans un tunnel de Bandal, en train de se livrer à des actes de viol sur mineure, en bande organisée, alors que ce dernier a continué d’affirmer qu’il était occupé à partager un pot avec des amis dans une terrasse située sur l’avenue 24 Novembre, en face du Lycée Molière.

On rappelle que lors de la séance de restitution des faits sur le terrain, aucun témoin à charge n’avait soutenu la victime. Au contraire, celle-ci n’était pas arrivée à localiser avec précision l’endroit où elle avait été violée, ni à identifier les co-auteurs du présumé viol.

S’agissant de l’âge de la fille, qui soutient être née en 1998, son attestation de naissance reprend effectivement cette date mais sans son nom, comme cela arrive dans toutes les maternités du monde où les bébés voient le jour sans nom. Cependant, son dossier scolaire fait état de 1997 comme date de naissance tandis que le formulaire qu’elle avait rempli auprès de Vodacom en vue de son identification situe sa naissance en 1994. Ainsi, il n’a pu être établi si elle est âgée aujourd’hui de 16 ans, 18 ans ou 21 ans.

L’opinion a retenu aussi que les deux rapports d’expertise médicale présentés par des médecins-légistes de l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa (ex-Mama Yemo) ont démenti formellement l’hypothèse de viol, en raison d’abord de l’absence d’indice de violence et ensuite du fait que la plaignante avait perdu sa virginité longtemps avant les supposés rapports sexuels non consentants avec Sai Sai et consorts.

En ce qui concerne le fameux « Soda Makasi » qui avait procédé à l’arrestation de Sai Sai, avant de le conduire auprès d’un OPJ de police, il s’est volatilisé dans la nature. Quant à l’énigmatique disc-jockey Russel, que l’on dit avoir tantôt appelé Sai Sai pour discuter d’une offre alléchante de préparation d’un spot publicitaire et tantôt avoir fait part à la plaignante d’une offre de collaboration avec ce comédien, il n’a pu non plus éclairer le tribunal sur ce qui s’était réellement passé dans la nuit du 27 au 28 février 2015.

L’on continue également de se poser des questions sur les prétendus copains de Sai Sai, au nombre de quatre, qui auraient participé au viol. Où seraient-ils passés ? Pourquoi n’ont-ils pas été appelés à la barre ? Pourquoi n’a-t-on pas retenu le défaut à leur charge ?

Le dossier Sai Sai a tellement fait couler de l’encre et de salive que les juges appelés à départager les parties devraient le faire en toute équité et indépendance. S’il y a à condamner ou à acquitter le prévenu, que l’une ou l’autre décision judiciaire soit assise sur des preuves irréfutables.

Un article de Le Phare

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