Dans une analyse intitulée “Que pense Ben Bryant M. du Forum sur la réconciliation des Katangais ?” Le CEO du Bureau d’études, d’accompagnement professionnel et personnel, BBM Consulting, est revenu sur les motivations profondes de cette rencontre aux allures d’unification pour une ségrégation.
Voici son analyse :
Alors que le Président Tshisekedi venait de clôturer la table ronde sur la “ Cohabitation pacifique entre les Katangais et les Kasaïens ”, dans la ville de Lubumbashi, la réplique ne s’est pas fait attendre.
À comportement des moutons, réponse des bergers : L’archevêque de Lubumbashi, Mgr Fulgence Muteba Mugalu initie ou plutôt, endosse la responsabilité d’organiser un Forum sur la réconciliation des Katangais. Comme si les Katangais étaient divisés.
En effet, tout le monde se souviendra que certains leaders et conservateurs katangais ont mené une guerre acharnée contre le découpage territorial, pourtant constitutionnel. Pour eux, ce découpage freinait leur élan ségrégationniste et indépendantiste qui leur miroitait une possibilité de détacher le Katanga du Congo, beaucoup n’ont toujours pas avalé la pilule, ils refusent d’admettre que le Katanga n’existe plus, on a plutôt le Haut-Katanga, le Tanganyika, le Lualaba et le Haut Lomami.
Faire l’apologie du sectarisme c’est faire le lit de la ségrégation : Dans une république que nous voulons Unitaire, qu’est-ce qui a bien poussé un clergé catholique, quelqu’un qui est censé prôner l’inclusion à tenir un Forum à caractère ethnico-tribal ? La question est posée.
Il sera difficile pour n’importe qui de s’opposer à une initiative visant à « réconcilier », disons, visant à unir ou réunir les enfants d’un territoire congolais, cependant, les propos tenus pendant ce forum inquiètent et mettent la puce à l’oreille.
Tenez, la date du lancement du fameux Forum n’est pas anodine : le 17 mai, date qui rappelle à la mémoire collective du Congolais l’entrée triomphale de l’AFDL sur Kinshasa, la « Libération »
Mzee LD Kabila arrive officiellement au pouvoir un 17 mai. Il est un «Katangais», dans la tête de certains : “le Katanga arrive au pouvoir”, c’est à cette date qu’on réunit les ”Katangais” pour les “réconcilier ” ou pour leur rappeler qu’il eut un 17 Mai 1997.
« Ce forum a pour objectif de renforcer l’influence du Katangais » aurait lâché l’homme en soutane en prélude du Forum.
Ça ne vous dit rien ? Depuis quand dans une république, un peuple a l’intention d’être plus influent que les autres ? Pour quelle fin ? De quelle influence parlons nous ?
Comment ça s’organise tout ça ? On a quitté l’émulation qui pousserait au développement de chaque province, on est maintenant à la recherche de l’influence ?
Faut-il rappeler que Katanga est le nom d’une province qui n’existe plus, à l’instar de Vivi, Province Orientale, etc…
Qu’adviendra-t’il si chaque espace linguistique cherchait à accroître son influence sur les autres ? Probablement des guerres civiles.
L’une des raisons du fameux Forum c’est aussi la réconciliation entre Kabila et Katumbi.
Deux hommes politiques de carrure nationale et international doivent-ils être réconciliés sur font de leur supposée appartenance communautaire ? Loin s’en faut !
Sont-ils obligés d’être amis ? Pas du tout.
Quelles sont donc les réelles motivations de ce Forum sur la réconciliation ?
Déjà il faut noter que :
Primo ; les Katangais ne sont pas divisés,
Secundo ; Joseph Kabila a royalement snobé l’activité, ce qui veut dire que la réconciliation entre lui et Katumbi c’est à revoir plus tard.
Mgr Fulgence ou les véritables initiateurs du fameux forum ont-ils voulu adresser un message à Tshisekedi pour lui signifier qu’ils sont capables de mettre leurs divergences de côté pour récupérer le pouvoir (l’influence) acquis il y a 25 ans, le 17 mai ?
Était-ce une réponse à la table ronde sur la cohabitation ? Pourquoi d’ailleurs fallait-il une table ronde sur la cohabitation pacifique, alors que tout le monde sait qu’il n’y a conflit entre Katangais et Kasaiens que dans les têtes des quelques politiciens qui attisent le feu pour des mesquineries.
Comme pour reconnaître qu’ils ont atteint leur objectif, celui de se faire entendre, le chef de l’état a même fait le déplacement. La suite on la connaît.
Rien n’interdit à une communauté donnée de se réunir ou de se réconcilier si il y a besoin, cependant, nous devons avoir le courage de dénoncer toute velléité séparatiste, régionaliste et divisionniste qui se cache derrière certaines initiatives.
L’histoire nous jugera.