Grand Angle/ Rebellion du M23 : Naissance, Apogée, déclin et Résurgence? (Dossier sur les attaques à Rutshuru)

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Mardi 5 novembre 2013, le Mouvement rebelle du 23 Mars annonce  “mettre un terme à sa rébellion” quelques heures après avoir été chassé par les armes des dernières positions qu’il occupait depuis plus d’un an dans l’est du pays.

Un peu plus tôt, le gouvernement de Kinshasa avait annoncé avoir obtenu une “victoire totale” sur les rebelles du M23, deux jours après l’annonce d’un cessez-le-feu.

La Victoire confirmée par l’armée sur ces rebelles ont fait la une des plusieurs médias dont celle de Francetv info dont nous avons tiré quelques extraits pour revenir sur les étapes de la défaite du M23. 

Le M23 est né d’une mutinerie d’anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l’armée congolaise trois ans plus tôt après un accord de paix.

Au faîte de sa puissance, il avait occupé Goma, la grande ville de l’est du pays, capitale de la riche province minière du Nord-Kivu,  pendant quelques jours en novembre, avant de se replier à quelques kilomètres sous la pression de la communauté internationale.

Le mouvement semble avoir été lâché par le Rwanda et l’Ouganda, les deux pays accusés par les Nations unies de le soutenir, et qui ont fait l’objet d’intenses pressions diplomatiques, notamment américaines, pour que cela cesse. Cette mobilisation internationale avait déjà abouti, en novembre 2012, au départ des rebelles de Goma, assiégée quelques jours.

La prise du fief des rebelles Bunagana, semblait sonner le glas de cette rebellion qui avait même réuissi à leur apogée à prendre le controle de la ville de Goma, Chef lieu du Nord Kivu.

Les rebelles n’eurent d’autres choix que de se retirer sur trois collines des environs, dans les montagnes du Rwanda et de l’Ouganda, à près de 2 000 mètres d’altitude : Mbuzi, Runyonyi et Chanzu, d’où leur mouvement avait été lancé en avril 2012.

Au début de l’offensive contre les derniers bastions rebelles, samedi, il ne restait plus, selon les estimations, que 200 à 300 combattants du M23, retranchés sur Mbuzi, Runyonyi et Chanzu.

Avec l’aide des Nations unies, les FARDC ont écrasé les dernières forces du M23 et ont fait tombé les restes de leurs retranchements dont Mbuzi est tombée lundi à la mi-journée, et, dans l’après-midi, des éléments de la Brigade d’intervention de la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco) se sont joints aux forces gouvernementales pour pilonner au mortier les positions rebelles. 

“Les derniers résidus du M23 viennent d’abandonner leurs retranchements de Chanzu et Runyonyi sous la pression des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) qui viennent d’y entrer”, s’est ensuite félicité le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais. Runyoni et Chanzu sont tombées, on a fini le travail”, a confirmé le lieutenant-colonel Olivier Amuli, un porte-parole de l’armée pour la province du Nord Kivu. 

“Ils ont brûlé 42 véhicules et leurs dépôts de munitions ; ils se sont dispersés dans tous les sens, chacun pour soi et Dieu pour tous. Les combats ont duré toute la nuit”, a commenté un officier des FARDC. 

Selon le gouverneur du Nord-Kivu, le chef militaire des rebelles, Sultani Makenga, “avait fui vers le Rwanda”.

Parallèlement aux combats, les deux parties discutent bon an mal an à Kampala, sous l’égide de l’Ouganda, depuis décembre. Mais ces pourparlers avaient bloqué plusieurs semaines dur, essentiellement sur la question de l’amnistie dont pourraient bénéficier les rebelles.

La RDC et les Nations unies ont refusé que celle-ci profite aux responsables du M23 accusés de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres violations graves des droits de l’homme.

“Exiger [du] M23 de donner une victoire militaire au [gouvernement comme] condition pour la signature de l’accord de paix relève du traditionnel populisme”, avait estimé Bertrand Bisimwa, président de la branche politique du M23 sur son compte Twitter, peu après l’annonce de la chute des derniers bastions rebelles. 

Et puis le mardi 5 novembre 2013, le M23 proclamait la fin de sa rébellion dans l’est de la République démocratique du Congo au bout d’un an et demi de sanglants affrontements.

Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et les ex-rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) se sont engagés à mettre fin au conflit dans l’est du pays, dans des documents signés jeudi 12 décembre à Nairobi, au Kenya.
Les trois documents signés par les belligérants réaffirment la dissolution du M23 en tant que groupe armé et précisent les modalités de la démobilisation ainsi que la renonciation de ses membres à la violence pour faire valoir leurs droits. 
« Il n’y a pas d’amnistie générale. Ceux qui sont présumés s’être comportés de façon criminelle sur le plan du droit international, avoir commis des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ne seront pas réinsérés dans la société », avait souligné le porte-parole du gouvernement de la RDC, Lambert Mende.

Est-ce la fin du M23 et de la guerre en République démocratique du Congo (RDC) ? Cette question vaut son pésant d’or au regard des recentes attaques rebelles qui ont lieu dans le territoire de Rutshuru dans la province du Nord Kivu et qui, curieusement se déroulent dans les anciens fiefs de M23.

Après la reddition, les questions : à quelles pressions le gouvernement congolais doit-il ce qu’il qualifie de “victoire totale” ? Quel en sera l’impact sur la RDC, et sur les autres pays d’Afrique centrale ? Comment réparer les dégâts sur la population ?

Eléments de réponse avec Colette Braeckman, auteure de plusieurs ouvrages sur l’Afrique et grand reporter spécialiste de la région des Grands Lacs. 

Sous quelles pressions politiques le M23 a-t-il cédé ?

Le M23 a souvent été soutenu par le Rwanda lors d’offensives majeures – c’est ce que soulignaient les rapports d’experts de l’ONU. Or cette fois, alors que les rebelles faisaient face à une offensive particulièrement virulente de l’armée congolaise avec, ce qui est nouveau, le soutien de la MONUSCO et d’une brigade d’intervention africaine, le Rwanda ne les a pas soutenus, sous la très forte pression des Etats-Unis et de la Grande Bretagne.

Selon le Daily Telegraph (lien en anglais), le président Obama a téléphoné en personne au président Kagame pour le dissuader de se porter au secours de ses alliés du M23 ; il semblerait que les Britanniques aient fait la même chose. Je pense que les alliés européens, qui entretiennent une étroite coopération avec le Rwanda, ont, eux aussi, exercé des pressions dans le même sens, avec des sanctions économiques à la clé – n’oublions pas que entre 30 % et 40 % du budget rwandais dépendent de l’aide internationale, à commencer par celle des Britanniques.

En outre, le Rwanda est actuellement membre non permanent du conseil de sécurité de l’ONU. On pourrait penser qu’il a une position de poids, mais oui et non, car se retrouver sur le banc des accusés au sein de la plus haute instance de l’ordre international n’est pas une position confortable. C’est aussi une forme de pression. C’est ainsi que, finalement, le Rwanda n’a pas aidé le M23, dont les chefs, et une partie des troupes, ont choisi de se réfugier en Ouganda, dans un camp militaire.

Que vont devenir les ex-rebelles du M23 ?

Il faut trouver une solution politique pour ramener ces combattants congolais au Congo. Ils sont environ 1500 en Ouganda, auxquels s’ajoutent 600 autres, réfugiés au Rwanda au début de l’année avec leur chef Bosco Ntaganda – soit plus de 2000 combattants aguerris. Il serait très dangereux qu’ils restent à l’extérieur du pays. Ils pourraient se reconstituer en mouvement armé ou devenir des “soldats sans frontières”, des desperados qui se mettraient au service de n’importe quel cause ou intérêt dans la région. Dans un cas comme dans l’autre, ils représenteraient un facteur de déstabilisation pour les pays d’accueil et pour toute la sous-région.

Le mieux serait de trouver une formule de réinsertion pour qu’ils puissent rentrer en RDC. Eux souhaiteraient être réintégrés au sein de l’armée congolaise, ce qui est difficile, puisqu’ils se sont plusieurs fois mutinés. On peut néanmoins imaginer qu’ils le soient, mais dans d’autres régions du Congo, loin de la frontière du Rwanda. Même s’il n’y a pas de pourparlers de paix à proprement parler, puis qu’il y a eu défaite militaire du M23, des discussions sont actuellement en cours sur la réintégration des ex-rebelles. Pour l’heure, j’ai l’impression que la balle est dans le camp de l’autorité congolaise, qui pourrait se montrer magnanime à l’égard des simples soldats, c’est-à-dire les installer à l’écart – la place ne manque pas dans cet immense pays.

Quant au sort des chefs rebelles, accusés de meurtres, de viols et de recrutement d’enfants, il fait l’unanimité, aussi bien auprès de l’autorité congolaise que de l’opinion publique, des organisations de défense des droits de l’Homme ou de la communauté internationale. Leur place est devant la Cour pénale internationale ou les tribunaux militaires, et pas aux postes de commandement de quelque armée que ce soit.

Quelles seront les répercussions de la chute du M23 pour les pays voisins, à commencer par le Rwanda et l’Ouganda ?

L’Ouganda et le Rwanda, en soutenant les mutins, se sont opposés à d’autres pays de la région, et non des moindres, puisque la Tanzanie, le Malawi et l’Afrique du Sud ont envoyé une brigade d’intervention de 3000 hommes au Kivu. Ainsi la RDC a-t-elle montré qu’elle avait des alliés importants sur la scène africaine. Il y a là des blessures politiques et des divisions au sein du COMESA qui doivent être réparées.

Et pour la RDC, où des groupes armés sont encore actifs, qu’est-ce que la chute du M23 va changer ?

Je pense qu’elle marque tout de même un tournant. Le M23 était le mouvement le plus organisé, et celui qui mettait en cause le plus nettement l’autorité de l’Etat. Beaucoup d’autres mouvements armés s’étaient constitués en opposition au M23, mais aussi en suivant son exemple. Aujourd’hui, le M23 a été mis en échec et, d’ores et déjà, des centaines de combattants déposent les armes et demandent à retourner dans l’armée – la dissuasion est en train de faire son oeuvre. Pour la première fois, la Monusco, avec la brigade africaine, a utilisé la manière forte, avec des tirs d’artillerie, des hélicoptères de combat et autres moyens militaires très énergiques contre le M23. Tous les autres groupes rebelles, moins aguerris, moins équipés, moins soutenus, ont compris le message.

Cela pose un autre problème : dans les semaines à venir, le Kivu se trouver face à des milliers de combattants, parmi lesquels des enfants soldats, des filles qui ont été enlevées… Qu’en faire ? Déjà, toute la RDC vit une situation de post-conflit très dure, avec beaucoup de banditisme, à commencer par les “kulunas”, parmi lesquels des combattants démobilisés, qui attaquent pour prendre de l’argent. C’est là tout le problème de l’après guerre : si on ne réussit pas la démobilisation et la réinsertion, il n’y aura pas de paix véritable. Est-ce que les amis du Congo vont l’aider à prendre des mesures sociales de réintégration pour tous ces gens ? Si on ne les réinsère pas, ils seront les kulunas de demain ou des candidats au recrutement dans n’importe quel mouvement armé.

Quel est le rôle de la communauté internationale dans la réintégration des anciens rebelles et de leurs victimes ?

Je pense que la communauté internationale commence à mesurer la gravité du problème, même si elle a mis du temps. Au-delà de l’aide militaire, il faut maintenant une aide civile à la réinsertion de tous ces gens qui ne peuvent pas tous rentrer dans l’armée. Nous en sommes au niveau de la prise de conscience et de la déclaration d’intention, mais je ne suis pas sûre que sur le terrain, il y ait un vrai programme.

Il y avait bien, en 2009, le Starec, un programme de stabilisation des zones sortant de conflits, et s’il est remis en chantier, il pourrait peut-être aider à résoudre le problème.
Les ONG, elles, sont dans l’urgence. Il faut passer à une autre vitesse, une aide à la réintégration pour aider les gens à repartir dans la vie.

Au Sud-Kivu, par exemple, les jeunes sont recrutés pour tailler les pavés des rues. Ils ont une occupation, un salaire, contribuent à la reconstruction des infrastructures et, pendant ce temps-là, ne retomberont pas dans la guérilla.
 

Des signes avant coureurs

De l’Ouganda où ils se sont réfugiés, les rechappés du M23 n’ont pas abandonné complètement leurs ambitions ni leurs armes.

Lors de la défaite de 2013, environ 1 600 rebelles avaient fui en Ouganda, où Kampala affirme qu’ils sont cantonnés et désarmés. Leur rapatriement, qui doit s’opérer sur la base du volontariat, est l’un des points essentiels des déclarations de paix de Nairobi, que Kinshasa et le M23 ont signées en décembre 2013.

Le processus de retour, qui a débuté en septembre 2014 et que la RDC espérait voir achevé en août 2015, patine. Le 6 décembre 2014, il a même dégénéré, faisant plusieurs blessés. Pour le moment, on compte moins de 200 retours, et Kinshasa y voit un sabotage du M23. 
« Nous n’avons jamais été opposés au rapatriement », mais il revient aux autorités congolaises de « convaincre les ex-combattants » de rentrer, et tout doit se dérouler « dans le respect » des textes et des droits de l’homme, avait insisté Bertrand Bisimwa, président du M23 exilé en Ouganda.

La RDC a déboursé « 10 millions de dollars (9,4 millions d’euros) sur fonds propres » pour s’occuper de ceux qui reviendront, et qui seront alors cantonnés dans des camps basés à Kitona (ouest) et à Kamina (sud-est), a tenu à rassurer Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement, lors d’une conférence de presse jeudi. L’Ouganda se trouvait à la tête de la CIRGL pendant la guerre du M23. Des experts de l’ONU estiment que le pays était alors juge et partie : dans un rapport, ceux-ci accusent Kampala d’avoir soutenu le groupe armé avec le concours du Rwanda, où des centaines d’ex-rebelles se sont par ailleurs réfugiés. Les deux Etats ont toujours démenti ces allégations. Reste que, pour un haut responsable de l’armée congolaise, le succès des retours tient à la volonté politique de Kampala qui, explique-t-il, doit jouer les équilibristes entre ses engagements vis-à-vis de la CIRGL et les « intérêts » qui ont motivé son appui au M23.

« Qualités militaires »

Quid des ex-combattants réfugiés au Rwanda ? Tout dépendra de la réussite des opérations en Ouganda. La Grande-Bretagne, second bailleur de la RDC derrière les Etats-Unis, suit la situation de près. « Nous voulons nous assurer que ce groupe n’existe plus, de quelque manière ou forme que ce soit, pour qu’il n’y ait pas un mécanisme pour recréer (…) une base violente », a confié, le 17 novembre Danae Dholakia, l’envoyée spéciale britannique dans la région des Grands Lacs, en visite de travail à Kinshasa.

Pour prévenir une réorganisation du M23, né sur les cendres de deux rébellions, la CIRGL a demandé à Kampala d’« empêcher » les anciens rebelles d’utiliser leurs « qualités militaires » et de s’assurer que ceux « absents des camps de cantonnement ne constituent pas une menace à la sécurité de la RDC ». 

En octobre 2015, Dans un communiqué, le M23 accuse le gouvernement congolais de ne pas respecter ses engagements, notamment en matière d’amnistie. Ce que dément Kinshasa.

Le M23 a accusé le gouvernement de retarder, de façon délibérée, la mise en œuvre de ses engagements.

Il s’agit notamment de l’épineuse question de l’amnistie. Bertrand Bisimwa, président de cet ex-mouvement rebelle, avait menacé de se retirer des accords de Nairobi.

De son côté le gouvernement a démenti toute volonté de retarder le processus de rapatriement des ex combattants du M23.

Pour François Mwamba, qui a coordonné, au nom du gouvernement, les négociations avec le M23, le processus est bloqué par les anciens chefs rebelles.

Sur un effectif initial de plus de 2000 ex combattants du M23 vivant en exil au Rwanda, seulement 189 ont pu regagner le pays, d’après les chiffres fournis par le gouvernement.

L’ex-rébellion congolaise du Mouvement du 23-Mars (M23) avait aussi réclamé, dans un communiqué diffusé vendredi 17 juin 2017, un nouveau programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) pour les miliciens ou anciens combattants des groupes armés en République démocratique du Congo.

« Les graves incidents mortels à répétition, l’incapacité du gouvernement à faire aboutir son propre programme, les mauvaises conditions de vie entretenues dans les centres de démobilisation ont transformé ces lieux en véritables mouroirs », avait souligné Bertrand Bisimwa, le président du M23.

Une référence aux heurts survenus mercredi à Kamina, dans le sud-est de la RDC, à l’occasion d’une manifestation d’ex-rebelles cantonnés dans un camp DDR.

Le M23 « voudrait être associé à la conception, à l’élaboration et à la conduite d’un nouveau programme (…) plus réaliste » et « attrayant ». Il souhaite également prendre part à une commission d’enquête sur les événements de Kamina et sur la mutinerie d’anciens rebelles ayant touché en février une autre base militaire accueillant le DDR, Kitona, dans l’extrême ouest du pays.

Dernier avatar des rébellions à dominante tutsi soutenues par le Rwanda et l’Ouganda dans l’est de la RDC depuis la fin de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), le M23 a été défait en novembre 2013 après 18 mois de guerre au Nord-Kivu, province déchirée par les conflits armés depuis plus de vingt ans. Le mouvement a confirmé en décembre 2013 son renoncement à la rébellion lors de la signature des déclarations de Nairobi par lesquelles le gouvernement de Kinshasa et le M23 ont formellement enterré la hache de guerre.

Interrogé par l’AFP sur les demandes de M. Bisimwa, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende a déclaré : « Le M23 n’existe pas. Nous n’avons pas à réagir à des entités qui n’existent pas (…), nous ne recevons pas de revendications d’une entité qui s’est auto-dissoute ».

Le bilan des heurts de Kamina avait fait polémique à l’époque.

Une source à l’hôpital militaire local ayant requis l’anonymat avait affirmé au Magazine le Monde qu’il y avait eu « des morts », sans vouloir en préciser le nombre.

Mais Emmanuel Cole, président de la Fondation Bill Clinton pour la paix, organisation de défense des droits humains basée à Kinshasa, avait évoqué douze tués : neuf parmi les démobilisés et trois du côté de l’armée.

Les Ex-rebelles M23 ututilisaient comme bras armés par le regime Kabila

Les forces de sécurité en République démocratique du Congo ont tué au moins 62 personnes et en ont arrêté des centaines d’autres pendant les manifestations à travers le pays entre le 19 et le 22 décembre 2016, après que le président Joseph Kabila ait refusé de quitter ses fonctions à la fin de la limite des deux mandats permis par la Constitution.

Alors que les gens descendaient dans les rues – utilisant des sifflets, tapant sur des casseroles et des poêles et criant que le temps de Kabila au pouvoir était terminé – les forces de sécurité gouvernementales ont tiré à balles réelles et ont lancé des gaz lacrymogènes sur les manifestants. Certains témoins ont entendu des soldats leur crier :   « Nous sommes là pour vous exterminer tous ! » Des activistes et des leaders de l’opposition ont été jetés en prison dans les jours précédant les manifestations et pendant celles-ci, tandis que les forces de sécurité ont blessé, menacé, détenu ou interdit d’accès des journalistes internationaux et congolais qui couvraient les manifestations. Au lendemain des manifestations, les autorités ont refusé aux proches de victimes l’accès aux hôpitaux et aux morgues, empêchant de nombreuses familles d’enterrer leurs morts.

Avant les manifestations de décembre, et alors que la pression nationale et internationale grandissait, des officiers supérieurs des forces de sécurité congolaises avaient mobilisé au moins 200 anciens combattants rebelles du M23, et probablement bien plus, depuis l’Ouganda et le Rwanda voisins afin de protéger Kabila et d’aider à étouffer les manifestations anti-Kabila, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW) de 2017.

Selon ce rapport, les combattants du M23 ont été recrutés entre octobre et début décembre 2016 dans des camps militaires et de réfugiés en Ouganda et au Rwanda, où de nombreux combattants du M23 sont basés depuis la défaite du groupe armé dans l’est de la RD Congo en novembre 2013.Une fois en RD Congo, les combattants du M23 ont été déployés dans la capitale, Kinshasa, et dans les villes de Goma et de Lubumbashi dans l’est et le sud du pays. Ils ont reçu de nouveaux uniformes et des armes et ont été intégrés dans la police, l’armée et des unités de la Garde républicaine, le détachement de sécurité présidentielle. Des officiers des forces de sécurité congolaises—dont bon nombre étaient issus de rébellions précédentes soutenues par le Rwanda et avaient ensuite été intégrés dans l’armée congolaise—se sont occupés d’eux, les payant bien et leur fournissant un logement et de la nourriture. Pour protéger le président et étouffer les manifestations, les combattants du M23 ont reçu des ordres explicites d’utiliser la force létale, y compris à « bout portant » si nécessaire.

« De nombreux combattants du M23 ont été déployés pour faire la guerre à ceux qui voulaient menacer le maintien au pouvoir de Kabila », a raconté un combattant du M23 à Human Rights Watch. « Nous avons reçu l’ordre de tirer immédiatement à la moindre provocation des civils », a expliqué un autre.

Bon nombre des combattants du M23 recrutés ont été renvoyés en Ouganda et au Rwanda à la fin du mois de décembre et au début du mois de janvier 2017. Les forces de sécurité congolaises ont de nouveau recruté secrètement des combattants du M23 depuis le Rwanda et l’Ouganda entre mai et juillet 2017. Ces combattants ont été envoyés à Kisangani dans le nord-est de la RD Congo où ils attendaient de suivre une formation, présumément pour les préparer à des « opérations spéciales » futures afin de répondre à toute menace contre le maintien au pouvoir de Kabila.

Ce rapport documente la répression de manifestants pacifiques, d’activistes, de journalistes, ainsi que de partisans et de leaders de l’opposition politique en RD Congo en décembre 2016 et le recrutement clandestin de membres d’un groupe armé responsable d’abus, le M23, pour aider à mener cette répression. De nouvelles manifestations étant prévues dans les semaines à venir – près d’une année après la fin du mandat constitutionnel de Kabila – les conclusions dans ce rapport soulèvent des inquiétudes quant à de nouveaux actes de violence et de répression.

Suite aux jours de violences autour du 19 décembre 2016 et à la pression internationale et régionale significative, la coalition de Kabila au pouvoir a conclu, le 31 décembre, un accord de partage du pouvoir avec la principale coalition d’opposition sous la médiation de l’Église catholique. L’accord appelait à la tenue d’élections présidentielles avant la fin décembre 2017, et incluait l’engagement clair que Kabila ne briguerait pas un troisième mandat ou ne modifierait pas la Constitution. Cependant, la coalition au pouvoir en RD Congo a défié les principes clés de l’accord dit de la Saint-Sylvestre, ne tenant pas d’élections et ne mettant pas les mesures de décrispation politique en œuvre.

Mis en garde au Président Félix Tshisekedi

Dans un communiqué publié le jeudi 23 juillet 2020, les rebelles du mouvement du 23 Mars, M23, ont dénoncé les messages de la diabolisation et de la haine dont ils sont victimes, causant ainsi la peur au sein de l’opinion.

Ce mouvement qui dit soutenir le Chef de l’État pour la restauration de la paix et le développement à l’Est du pays n’envisage aucune initiative de guerre.

Pour le M23, la mise en œuvre des accords de paix signés à Nairobi le 12 décembre 2013 reste le gage de la paix et du développement durable dans cette partie du pays.

M23: Le retour?

Le groupement de Jomba, dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu, connait une situation confuse depuis la nuit du dimanche 07 à ce lundi 08 novembre 2021.

Pour cause, un groupe armé dont l’identité et l’origine ne sont pas encore connues, a pris d’assaut les collines de Chanzu et Ndiza, aux environs de 23 heures de ce dimanche 07 novembre 2021.

Des tirs nourris à l’arme lourde et légère y ont été entendus, toute la nuit, jusqu’au petit matin.

Ce qui a entraîné une panique au sein de la population qui se déplace en masse vers Kinyangurube et Kabonero, tandis que d’autres habitants prennent la direction de Bunagana pour traverser vers l’Ouganda voisin.

Des sources civiles indiquent qu’à la suite de cette situation, les autorités ont décidé de la fermeture momentanée de la barrière de Bunagana.

Néanmoins, les informations divergent selon les sources.

D’une part, certaines sources parlent de plusieurs collines attaquées par des assaillants lourdement armés, et d’autre part, certaines sources sur place rassurent qu’il ne s’agit que de deux collines, Chanzu et Ndiza et que les autres collines seraient encore sous contrôle de l’armée régulière.

Entre-temps, aucun bilan de ces tirs n’est encore livré, ni par les autorités locales, ni par la société civile que nous avons essayée de joindre, mais en vain.

Jusqu’à présent, c’est une panique qui règne dans le chef des populations de ces agglomérations où toutes les activités restent paralysées ce lundi 08 novembre.

La nouvelle a été confirmée à la presse par Jean-Claude Bambanze, président de la société civile forces vives.

Selon lui, des hommes armés ont pris d’assaut certains villages du territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) depuis la nuit du dimanche à ce lundi 8 novembre 2021.
Toujours d’après la même source, au moins 4 localités du groupement Jomba sont sous la menace de ces inconnus.
Il s’agit entre autres de Chanzu, Runyonyi, Kinyangurube et Ndiza, pourtant jadis considérés comme quelques-uns de principaux bastions du M23.

« Il y a eu des affrontements cette nuit du côté de Chanzu entre les FARDC et un groupe armé. Après les affrontements, on apprend que les assaillants ont occupé les collines de Chanzu et de Mbinza. Jusqu’à présent, les affrontements continuent autour de cette colline. Il y a une grande psychose, nombreux ont quitté leurs domiciles pour se réfugier du côté de Bunagana et d’autres vers la paroisse de Jomba« , indique Jean-Claude Bambanze.

Le dimanche 07 novembre, l’ambassade américaine a prévenu ses ressortissants au sujet d’une menace sécurité sur la Ville de Goma

Rutshuru : retour de Makenga Sultani du M23…

Ancien commandant des forces rebelles du M23, le général autoproclamé Makenga Sultani, serait visible sur le champ de bataille à Runyoni, confirment des sources sur place.

D’autres sources abondent dans le même sens et parlent d’une résurgence de la rébellion du M23 dans cette partie du pays.

La présence de Makenga Sultani dans les rangs des combattants ne confirmerait que les faits.

Cette présence avérée du rebelle Makenga et ses hommes dans le territoire de Rutshuru vient aussi corroborer les propos du gouvernement ougandais, pays où Makenga avait trouvé refuge à la chute du M23.

Le porte-parole de l’armée ougandaise, Richard Karemire avait laissé entendre que ce dernier et ses troupes avaient, à un moment donné, échappé au contrôle de l’armée. « Nous ignorons où il se trouve, nous avons informé le gouvernement de RDC », avait-il dit au sujet du chef de l’ex-rébellion du M23, quand les rumeurs fesaient état d’une probable réorganisation du mouvement rebelle à partir de l’Ouganda, il y a de cela quelques mois.

Les autorités de Kinshasa accusaient régulièrement le Rwanda et l’Ouganda de laisser les ex-rebelles du M23 circuler librement sur leur territoire, craignant pour une résurgence qui serait aujourd’hui une réalité.

Après avoir démenti les accusations de la RDC, qui faisait état de l’arrivée de 200 ex-rebelles sur son territoire, l’Ouganda avait reconnu en janvier 2019 que 60 hommes du M23 s’étaient échappés de la base militaire de Bihanga.

Pour l’instant, les affrontements continuent sur les hauteurs de Chanzu, et les habitants de Bunagana s’entassent à la frontière congolo-ougandaise, la peur au ventre et craignant une éventuelle entrée des rebelles, car munis d’armes lourdes en très bon état pour ne pas dire neuves.

La frontière congolo-ougandaise a été fermée depuis le matin suite à l’afflux des réfugiés Congolais.

Signalons aussi que le Vice Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur Daniel Aselo et le Chef d’État Major séjournent à l’Est de la RDC pour évaluer l’état de siège décrété dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri mais aussi les récentes attaques de la ville de Bukavu au Sud Kivu par un Mouvement rebelle.

Bishop Mfundu

Contactez la rédaction de Voice Of Congo : 00243 818956860

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