L’Afrique contre l’Occident en RD Congo

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DRCONGO-DIPLOMACY-BELGIUM

Massivement rejeté par la population congolaise, froidement accueilli et sévèrement critiqué en Occident, l’Accord politique conclu le mardi 18 octobre entre la Majorité présidentielle ainsi que l’Opposition et des organisations de la Société Civile sans assise sociologique, a reçu le quitus des Chefs d’Etats africains et autres organisations continentales et sous-régionales. Là où les Occidentaux brandissent des sanctions contre les hommes au pouvoir à Kinshasa, accusés de blocage de la démocratie et de graves atteintes aux droits de l’homme, ceux qui gouvernent l’Afrique rivalisent des messages de soutien aux architectes de l’Accord politique du Camp Tshatshi.

On croit savoir que Luanda, la capitale de l’Angola, qui s’apprête à abriter ce mercredi 26 octobre 2016, un Sommet des Chefs d’Etat de la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe) et de la CIRGL sur la crise politique en République Démocratique du Congo, va être le site d’entérinement officiel, par ceux-ci, de ce deal politique. Selon les « amis » du pouvoir de Kinshasa, le dialogue de la Cité de l’Union Africaine, en dépit de son caractère non inclusif, a résolu la crise de légitimité au sommet de l’Etat congolais et déblayé largement la voie devant conduire à la tenue d’élections présidentielle, législatives nationales et provinciales en avril 2018.

Selon le ministre angolais des Affaires Etrangères, qui s’exprimait hier sur les antennes de Radio France Internationale, l’opposition et la société civile absentes au forum piloté par le Facilitateur Kodjo devraient se faire violence pour adhérer à l’Accord politique dont il vient d’accoucher. A son avis, l’organisation du scrutin présidentiel en 2017 ou 2018 constitue un détail mineur par rapport à la volonté des parties prenantes au dialogue du Camp Tshatshi de sortir le pays de la crise par l’élaboration d’un nouveau calendrier électoral. Bref, de son point de vue, les Congolais devraient cesser de rêver d’un second dialogue car le cap devrait être mis sur l’horizon 2018.

Syndicat des présidents à vie

Lorsqu’on s’attarde sur les profils des Chefs d’Etats africains qui soutiennent chaleureusement l’Accord politique du Camp Tshatshi, l’on se rend compte qu’il s’agit, pour la plupart, des personnalités exerçant des mandats à vie.

Par conséquent, le peuple congolais ne peut rien attendre d’un syndicat des Chefs d’Etats particulièrement préoccupés à élargir le cercle de leurs pairs engagés dans la bataille de la conservation du pouvoir, au mépris des textes constitutionnels qui régissent le jeu démocratique dans leurs pays. Comme le soulignent à juste titre 33 Ong congolaises dans leur dernière déclaration, Luanda va consacrer la violation de la Constitution congolaise dont est porteuse l’Accord politique du Camp Tshatshi. Pour ces ONG, les forces politiques et sociales qui se battent pour la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit en RDC n’ont d’autre alternative que de rejeter d’office tout ce qui va être décidé dans la capitale angolaise.

Coalition pour un Congo aux pieds d’argile

Au-delà de la solidarité entre Chefs d’Etat appelés à exercer des mandats à vie, il ressort de toutes les analyses que plusieurs
responsables de la région n’ont aucun intérêt à travailler dans le sens de l’émergence d’un Congo démocratique uni, stable et fort au cœur de l’Afrique. Ils ne peuvent pas oublier de si tôt le rôle de « gendarme » de cette partie du continent tenu par feu le Maréchal Mobutu Sese Seko de l’ex-Zaïre, qui était la voix la plus écoutée en Europe et aux USA au sujet de la situation politique dans les Etats de l’Afrique Centrale et australe. Les trois voisins du Congo sont tout heureux de voir la porte de la démocratie se refermer devant toutes les forces vives soucieuses de construire une puissance politique, militaire, économique, financière et industrielle là où patauge un colosse aux pieds d’argile.

L’incapacité de la RDCongo à s’émanciper pour s’imposer comme le moteur du développement de l’Afrique centrale fait le bonheur de ceux qui conseillent les hommes au pouvoir à Kinshasa dans la voie du refus de la démocratie, en vue du pourrissement continu de sa situation politique et sociale, avec tous les risques de retomber dans le cercle vicieux des rébellions et sécessions, de la partition du pays en républiquettes, de la destruction des infrastructures de base, du pillage de ses ressources naturelles. Il est temps que les Congolais se réveillent et que de ce réveil, l’Afrique dans son ensemble, tire des dividendes en terme de développement et d’acquisition des capacités de résistance. Le moment est peut-être venu de rappeler à tous cette phrase prophétique d’Aimé Césaire : «L’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo de Lumumba».

Kimp

Avec LePhare

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