L’APRES-CONCERTATIONS SE DESSINE DEJA. Primature : duel de fauves entre Matata et Kengo

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Bien parti dans la course pour la Primature au départ, Léon Kengo vient d’être rattrapé par Augustin Matata Ponyo. La course devient ainsi serrée entre les deux personnalités au point qu’il est difficile de prédire l’issue de ce duel des fauves avec exactitude. Mais, une chose demeure pour autant sûre : c’est que le jeu se joue entre le président du Sénat, par ailleurs co-président du Présidium des Concertations nationales, et l’actuel Premier ministre. Aucune carte n’est vraiment en vue en dehors de ces deux jokers.

Léon Kengo a-t-il péché par erreur de stratégie en abattant ses cartes trop tôt ? Certains observateurs le pensent. Car, bien avant la tenue des travaux des Concertations nationales, le président du Sénat avait annoncé l’avènement d’un nouvel Exécutif gouvernement, qui ne pouvait être qu’un Gouvernement d’union nationale comprenant aussi bien des membres de la Majorité présidentielle que de l’Opposition politique. Et cela, au nom d’une nouvelle Majorité parlementaire composée de deux tendances politiques. Kengo avait-il réellement des garanties pour s’exposer ainsi ou s’agissait-il, tout simplement d’un appât pour battre le rappel des troupes du côté de l’Opposition politique ? La question demeure encore posée.

MINIMISE AU DEPART, MATATA REPREND DU POIL DE LA BETE

L’opération de charme de Léon Kengo a fini par aiguiser la vigilance de Matata Ponyo. Ce dernier a finalement compris qu’il devait doubler de casquette. C’est de la sorte qu’à côté du technocrate, gît désormais un politique. Pas au sens de la politique politicienne en s’exhibant à côté des foules mises à contribution pour le besoin du spectacle, mais la ” real politik “, c’est-à-dire la haute politique, celle qui apporte des résultats positifs. Voilà qui a permis au ” Premier ” de rattraper son retard  dans la course vers le fauteuil qu’il occupe jusque-là. Du coup, ce qui apparaissait comme un simple jeu au départ se transforme, au gré des enjeux, en un duel de fauves.

Là où il pensait faire une promenade de santé, Léon Kengo se rend compte maintenant que ce n’est pas une mince affaire. Surtout lorsque son allier, le MLC de Jean-Pierre Bemba, tout en prenant part aux Concertations nationales, exclut l’idée de participer à un Gouvernement d’union nationale. Or, le MLC n’est pas seul dans cette grand’mess politique. Dans les rangs de la Majorité présidentielle, certains membres ne semblent pas acquis à l’accession de Léon Kengo à la Primature et ils ne s’en cachent pas. Bien au contraire, ils multiplient des initiatives pour dissuader le ” Raïs ” d’apporter sa caution à une initiative émanent de l’Opposition politique là au moment où  c’est la Majorité présidentielle qui détient le pouvoir.

A DEFAUT DU CONSENSUS, LE VOTE A L’ASSEMBLEE NATIONALE

Mais, concrètement, comment vont se dérouler les choses ? A en croire bon nombre d’observateurs, il y a une jurisprudence en la matière. C’est de la sorte qu’on évoque même les Concertations politiques du Palais du peuple organisées  fin 1993 et début 1994. Après ces négociations entre les Forces politiques du conclave (FPC) chères au maréchal Mobutu et l’Union sacrée de l’Opposition radicale et Alliés (Opposition), c’est au sein du Haut conseil de la République-Parlement de transition (HCR-PT) que s’est déroulée l’élection du Premier ministre à travers la commission de 33 chargée de statuer sur les différentes candidatures.  Tshisekedi étant exclu de la belle manière, c’est finalement Léon Kengo wa Dondo qui fut élu Premier ministre, poursuit-on, pourrait la servir de cas d’école pour trancher sur la Primature au terme des travaux des Concertations nationales actuellement en cours en RD Congo.

Le consensus n’étant valable que pour les décisions de ces Concertations nationales, c’est à l’Assemblée nationale, au nom du respect du cadre institutionnel régissant ces négociations, que revient le pouvoir de trancher si aucun consensus ne se dégageait. C’est donc cette arène qui, en définitive, permettra de départager les deux candidats les plus en vue dans la course vers la Primature, à savoir le président du Sénat Léon Kengo et le Premier ministre actuel, Augustin Matata Ponyo Mapon. Mais, en réalité, c’est à Joseph Kabila qu’il revient d’opérer son choix entre la rupture de ce qui se fait encore aujourd’hui en tenant compte de la victoire obtenue lors des élections de 2011 et au nom de l’ouverture politique qu’il ne cesse de prôner. Sans oublier le nouvel ordre politique dicté par le besoin de partager le pouvoir de la Majorité présidentielle avec l’Opposition politique. C’est à ce niveau, confie-t-on, que se situent les enjeux des Concertations nationales.

FAUT-IL SACRIFIER LA DYNAMIQUE POSITIVE MATATA?

Mais, de l’avis des observateurs, la question fondamentale est celle de savoir si Matata Ponyo a démérité.  Or, fait-on observer, avec la bancarisation de la paie des fonctionnaires et agents de l’Etat, la poursuite de la maîtrise du cadre macro-économique, du taux d’inflation,  de la stabilité monétaire et du taux de croissance, le Premier ministre Augustin Matata a fourni des efforts qui sont même reconnus par la Communauté internationale ? La RDC dispose ainsi, à ce jour, de meilleures relations avec les institutions financières de Bretton Woods. Faut-il, dès lors, refaire la roue juste pour caser quelques compatriotes?

Si c’est cela la préoccupation, conseille-t-on, autant permettre à ceux des opposants qui veulent arriver aux affaires de le faire à travers un remaniement gouvernemental. A moins que Matata ait démérité, sinon il importe de préserver les acquis obtenus en lieu et place de l’éternel retour à la case de départ.

M. M.

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