Les Réseaux Chinois de prostitution à Kinshasa : Dans l’antre des “beautés du Shangai”

0

Le lundi 15 novembre 2021, le quartier Golf dans la commune vit une ambiance peu ordinaire pour ce coin de la ville de Kinshasa assez huppé et calme.

Un groupe des policiers de la brigade de repression des crimes mène une opération dans une parcelle située sur l’avenue des Mandariniers. Cette parcelle appartenant à un ancien dignitaire, abritait autrefois la chaîne Télé 50 de Jean Marie Kassamba.

Il y a une garde room à l’entrée, une piscine et abrite quelques appartements loués à des expatriés dont la plupart est chinoise.

Ce qui devait s’apparenter à une opération de routine s’avèra plus fructueuse par la suite.

Un proxénète chinois, ses complices, des femmes prostituées ainsi que quelques clients ont été interpellés dans ce coup de filet. Bref, il s’agit d’un réseau de proxenètisme et de traite des êtres humains.

Ils ont directement été conduit au parquet de Grande instance de Kinshasa/Gombe pour être entendu.

Il ne fait aucun doute, la majorité de ces jeunes femmes sont venues illégalement de la Chine continentale pour livrer des prestations sexuelles tarifées pour des clients tant expatriés que congolais.

Au total, la police a interpellé au cours de cette opération une vingtaine de prostituées chinoises. Elles occupaient des appartements et des chambres dans la dite parcelle. Certaines ont même été prises en flagrant délit avec des clients sur ce lieu macabre.

Le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/ Gombe aurait ouvert une information judiciaire pour proxénétisme aggravé et traite des personnes humaines.

Des informations glanées par ci, par là renseignent que chaque personne arrêtée à un rôle précis dans cette organisation criminelle.

Il y a le marketeur qui s’occupe de la gestion des annonces et de la rédaction de commentaires « commerciaux » flatteurs au sujet des filles sur les réseaux sociaux.

Il y a aussi le responsable de logement et des aprovisionnements. Celui qui paie la maison, les factures et s’occupe de la logistique.

Certains jouent aux rabateurs et assurent la sécurité des filles.

D’autres s’occupent du  recrutement de prostituées venues directement de Chine et des formalités pour leur arrivées en RDC.

La plupart des filles interpellées portent des jean’s et des tenues legères.

Elles sont propres, en bonne santé, maquillées avec rouge à lèvres et ont entre 23 et 40 ans.

Si tous ne veulent rien dire à la presse, une qui dit s’appelait “Yuan” souffle dans un mauvais français melangé au mandarin à un des policiers venu les arrêtés : “Je ne rentre pas en Chine. Ici, je suis bien.”

Yuan est l’une des rares à sourire dans cette ambiance si austère. Plusieurs policiers la reconnaissent. Elle combine son travail des prostituée avec celui de masseuse.

Il faut dire que la parcelle serait enregistrée comme un SPA où l’on pratique de massage et des soins de beauté à la chinoise.

La parcelle n’étant pas située loin des locaux de l’Inspection Provinciale de la Police, elle avait aussi l’habitude d’arpenter les rues et distribuait des prospectus pour le massage chinois.

Il faut dire que cette opération dirigée par le Commissaire provinciale de la police, ville de Kinshasa, le Général Sylvano Kasongo, est le résultat des plusieurs mois des renseignements et le fruit de collaboration des plusieurs services de la police.

*Prostitution chinoise à Kinshasa: un cercle fermé*

De plus en plus de Chinoises sont visibles à Kinshasa principalement au centre ville et les quartiers alentours.

Si dans la journée, certaines travaillent comme vendeuses dans les magasins, masseuses dans les instituts de beauté, une bonne partie s’adonne à la prostitution.

Souvent sans papiers, elles disent se tourner vers la prostitution pour offrir une meilleure vie à leurs familles restées au pays.

Elles disent être venues de leur propre grès et qu’elles ne sont pas sous l’influence de proxénètes.

Dans ce milieu extremement fermé, peu d’information filtre.

Nous avons joint un certain Yannick Ilunga. Il dit avoir travaillé longtemps comme chauffeur d’un réseau des chinois proxenètes.

Et voici son temoignage :
“Ces filles arrivent par dizaine chaque mois. Je vais les récupérer la plupart de temps au beach Ngobila et à l’aéroport de N’djili. Elles sont ensuite hebergées dans des maisons situées au sein des usines chinoises dans la commune de Limete où on les enseignent les rudiments de la culture congolaise et quelques bribes des conversations en français et en anglais.

On les reparties en deux parties: certaines vont travailler comme masseuses et d’autres comme prostituées. Est il que les masseuses deviennent prostituées le soir.

La plupart des clients sont des expatriés, des dignitaires congolais et des agents des banques, des ministères et des sociétés télécoms. Il faut dire que leur tarif n’est pas donné: entre 30 et  100 Dollars pour un heure. Et bien plus, pour la nuit entière.”

*Un business fructueux et  organisé*

Il faut dire que le mécanisme financier de cette forme de proxénétisme est rodé.

Les 30 à 100 Dollars de la “passe” sont redistribués de manière coordonnées.

Il y a le big boss qui n’habite pas dans la même résidence que les prostituées. Celui qui a tout organisé avec ses contacts depuis la Chine et a financé leur arrivée en complicité avec les agents de la Direction Générale de Migration et des Chefs de la police à qui il graisse la patte.

C’est lui qui obtient la plus grande part qu’il distribue aussi à ses différents gars chargés de controler les filles.

Puis il y a la grande soeur qu’elles appellent affectueusement “Jiějiě”. Elle est choisie en fonction de son ancienneté. Elle est l’oeil et l’oreille du Big boss auprés des filles. Elle perçoit une petite part dans la décote de la fille. C’est aussi elle qui perçoit les frais de prestation qu’elle va reverser à son tour au chef des appartements.

En moyenne, une fille se fait entre 500 et 800 Dollars le mois. Elle en garde entre 200 et 400 aprés les frais de remboursement du voyage, logement et nourriture au big boss.

Des statistiques démontrent qu’il y aurait actuellement près de 20.000 prostituées chinoises en Afrique subsaharienne.

Des chiffres révus à la hausse depuis les statistiques du site d’informations Quartz, qui s’était appuyé sur les chiffres de Basile Ndjio, chercheur à l’université de Douala au Cameroun qui avait dit qu’il y aurait entre 13.000 et 18.500 travailleuses du sexe chinoises en Afrique subsaharienne.

La classe moyenne africaine qui a triplé depuis 30 ans, selon la Banque africaine de développement, la clientèle pour les prostituées s’est également considérablement élargie. Et les travailleuses du sexe chinoises y trouvent leur bonheur en côtoyant des clients prêts à débourser beaucoup pour leurs services.

En RDC, elles seraient entre 1000 et 2000 ou même plus selon des chiffres fournis par la société civile et vivent  principalement à Kinshasa et Lubumbashi mais aussi dans les zones minières où les chinois possèdent des entreprises d’exploitation.

Il faut dire que le phenomène est apparu dans les années 2000 avec l’arrivée massive des expatriés chinois sur le continent africain.

En 2006, le contrat chinois signé entre la RDC et des sociétés chinoises, a accéléré le processus du débarquement massif des chinois dans la terre de Kimpa Vita.

En 2011 dejà, la police avait interpellé cette fois là dans la commune de Limete, un groupe des prostituées chinoises dans un bar à Karaoké grâce à une opération conjointe menée par les forces policières congolaise et chinoise.

Menacée d’expulsion, la plupart des filles avaient refusé de rentrer dans leur pays. Il n’y a eu aucune poursuite judiciaire et personne n’a été condamné.

Le bar a continué ses activités comme si rien était.

L’arrivée des prostituées chinoises n’est pas bien vue par les prostituées locales qui s’insurgent contre cette concurrence déloyale.

“Elles débarquent ici et nous piquent nos clients. Les gens vont chez eux par curiosité afin de savoir ce que ça fait de coucher avec une asiatique. Après ils regrettent car les chinoises n’aiment pas les embrassades ni être caresser. Elles ont même leurs propres préservatifs et gel lubrifiant. À cause d’elle, nous n’avons plus des clients. Elles doivent rentrer chez eux,” nous confie une prostituée qui a requis l’anonymat.

Des ongs de défense droit de l’homme craignent que ce coup de filet de la police ne soit qu’une épée dans l’eau compte de la complexité du problème et des différents acteurs qui interviennent dans ce nouveau commerce triangulaire.

Contactée, une membre des forums des femmes menagères affirme qu’il y a tellement des complicités locales que ces proxenètes risquent d’échapper à la justice et ses malheureuses filles seront de nouveau entrain de se prostituer.”

Depuis l’arrivée du Président Félix Tshisekedi, la RDC est engagée dans la lutte contre la traite des personnes à travers l’Agence pour la prévention et la lutte contre la traite des personnes (APLTP), structure de la Présidence de la république qui implémente cette politique afin d’endiguer ce phénomène.

Celle-ci est considérée comme un phénomène mondial aux signes invisibles.

‘’L’expression désigne une violation des droits humains qui repose à titre principal sur l’exploitation d’une ou plusieurs personnes, en vue d’en tirer profit’’, selon la coordonnatrice de l’Agence pour la prévention et la lutte contre ce phénomène en RDC, Rebecca Meta Kasanda.

Cette agence a soumis au Gouvernement  un projet de loi portant criminalisation, prévention de la traite des personnes en RDC.

Bishop Mfundu

Contactez la rédaction de Voice Of Congo : 00243 818956860

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here