Makenga : des contradictions de l’Ouganda

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Au début de la semaine qui s’acheve, des informations alarmantes de la Société civile du Nord-Kivu ont fait état de la présence de Sultani Makenga à Kasese en Ouganda où il peaufine une nouvelle attaque du Nord-Kivu avec l’appui des éléments de l’UPDF, l’armée ougandaise. Kampala vient de réagir par un prétendu porte-parole du Service de sécurité non autrement identifié qui assure que Sultani Makenga, ancien chef militaire de l’ex-M23 vit toujours à Kampala, dans un camp militaire.

Tandis que plus de 1000 de ses combattants qui se sont réfugiés en Ouganda avec lui sont eux cantonnés à Kasese, loin de la frontière de la RDC. Il s’agit là d’une source qui n’est pas du tout identifiée, donc très peu crédible. Alors que comme il s’agit d’une question militaire, c’est plutôt le porte-parole de l’UPDF, armée ougandaise qui devrait tenir le crachoir pour éclairer l’opinion.

Ce qui est plausible car confirmé du côté de la RDC par les Services de renseignements de Kasindi, c’est que Sultani Makenga et Bisamaza sont à Kasese, non loin de la frontière. Ce qui constitue déjà la violation de la Réglementation internationale sur les refugiés surtout d’anciens combattants qui ne peuvent être installés près de la frontière du pays d’origine.

Or, à en croire les Services ougandais, les soi-disants 1.700 hommes du M23 sont installés à Kasese, loin de la frontière congolaise? Mais Kasese est-il loin de la frontière congolaise. Non. Cette agglomération est à un jet de pierre de la RDC. C’est là des contradictions des autorités ougandaises. A quelle fin ?

Si à Kampala on était de bonne foi et qu’on ne préparait pas un coup fourré avec Makenga et Bisamaza, les anciens du M23 seraient installés à l’autre bout du monde. Ce qui leur exigerait de couvrir des centaines de kilomètres pour atteindre la frontière de la RDC. Ce n’est pas le cas à Kasese.

L’Ouganda est en train de faire ce qu’ensemble avec le Rwanda ils ont reproché au Maréchal Mobutu en 1994. A savoir cantonné les anciens soldats du régime d’Habyarimana réfugiés dans le Nord-Kivu près de leurs frontières.

La différence avec le cas des anciens du M23 est qu’à l’époque, l’ancien Zaïre s’était retrouvé avec des millions de refugiés hutu rwandais sur Goma et sa périphérie. Où ils ont débarqué par une forte pression diplomatique de la Communauté internationale. La même qui aujourd’hui se rebiffe par rapport à ses responsabilités sur cette question de l’existence au Kivu des FDLR qui sont des descendants d’anciens soldats de Juvénal Habyarimana, les Far.

Retour au M23, d’anciens rebelles dont l’Ouganda refuse de livrer à la RDC ses principaux chefs miliaires comme Sultani Makenga et Bisamaza qui sont poursuivis par la RDC pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et pillages des ressources.

Ils sont libres en Ouganda où ils circulent librement et peuvent même s’approcher comme ils le font des villes situées non loin de la frontière de la RDC comme actuellement à Kasese. La question qui est intimement liée aux conditions d’une paix durable au Nord-Kivu, devrait pourtant contraindre le Conseil de sécurité de l’Onu à donner des injonctions claires à ce sujet au Président Museveni afin qu’il puisse livrer à la RDC les fugitifs comme Makenga et Bisamaza.

Une telle décision serait en adéquation avec le communiqué publié par le même Conseil de sécurité de l’Onu la semaine écoulée, exigeant que des poursuites soient enclenchées contre les chefs militaires du M23 auteurs des crimes de guerre, crimes contre l’humanité etc.

Qui sont-ils ces auteurs de crimes de guerre dont parle le Conseil, sinon Sultani Makenga et Bisamaza en tête de liste qui tous sont sous sanctions onusiennes. Mais à Kampala, on n’en tient pas compte. Ils sont sous la protection du Président Museveni en Ouganda, plus encore à la frontière avec la Rdc, avec leurs 1.700 combattants. Le Conseil est appelé à se réveiller. Il y a bien anguille sous roche !

DES GROUPES DEPOSENT LES ARMES

Au Nord et Sud-Kivu, la déconfiture du M23 par les Fardc a eu des retombées positives par rapport à l’attitude de plusieurs autres groupes armés nationaux. Vraisemblablement, l’armée n’aurait pas besoin des moyens énormes pour les traquer.

Car nombre d’entre eux se sont mis au pas et ont décidé de désarmer volontairement avant d’y être contraint de force comme c’était le cas avec le mouvement pro-rwandais du M23. A Shabunda, au Sud-Kivu, un groupe parmi des plus dangereux comme les Maï-Maï Mutombozi et tous leurs alliés sur le terrain ont décidé de déposer les armes.

Ils estiment eux que le motif qui avait justifié que leurs miliciens prennent les armes, était pour combattre le M23. Dés lors que cette raison a disparu, leur combat n’a plus de sens. Rien que sur cette optique, au Nord-Kivu aussi beaucoup de groupes de poseront les armes.

Comme les « Nyatura », et l’APLC et d’autres milices proches des communautés hutues qui n’ont pris les armes que pour barrer la route à l’agression du Rwanda par l’intermédiaire du M23. Mais la question à examiner à la loupe est celle de l’intégration dans les Fardc qu’exigent nombre d’entre eux.

A ce sujet, les Congolais doivent savoir être fermes. Les exploits de l’armée qui a mis en déroute le M23 soutenu par le Rwanda ont été menés par des troupes bien formées et encadrées par des officiers de grande valeur. D’où cette question : un « Maï-Maï » malgré sa bonne foi peut-il vraiment évoluer dans l’armée conventionnelle ? Pas sûr.

A la faveur de l’Accord de Goma entre le gouvernement et le CNDP, certains chefs Maï-Maï bombardés  généraux ou colonels ont été intégrés dans les Fardc. Ils y ont passé juste le temps d’une rose pour se retrouver dans le « maquis ». D’où l’armée doit être fermée à tous qui ont brillé dans des groupes armés, M23 et la constellation des « Maï-Maï ». Ceux-ci ne doivent aucunement être incorporés dans l’armée nationale. Ce n’est qu’à ce prix que cette armée dont tout le monde est fier aujourd’hui préservera sa palme actuelle.

KANDOLO M.

Source : Forum des AS

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