Il est presqu’en train de passer inaperçu, le décret présidentiel de l’Américain Barack Obama dont toutes les dispositions analysées sont théoriquement destinées à mettre fin à la déstabilisation de la RDC par l’Est. Théoriquement. Car il faut encore passer de la parole aux actes, c’est-à-dire, l’application qui est le plus dur à réaliser. Pourquoi l’Est ? C’est depuis 20 ans que cette partie du pays est soumise à des guerres et rébellions récurrentes. Des groupes armés y pullulent comme des champignons et y sèment mort et désolation.
Avec à la clé les pillages systématiques des ressources naturelles par des groupuscules opérant au compte de la maffia politico-financière internationale. C’est là où le décret d’Obama qui prévoit des sanctions contre les auteurs de tels actes tombe à point nommé. Le diagnostic qui a conduit à la prise de conscience du Président américain pour signer en urgence ce texte est des plus alarmants.
A l’analyse de Washington, il ressort que la RDC continue à être victime des violences généralisées et des atrocités qui menacent dangereusement la stabilité de toute la région des Grands lacs et de l’Afrique centrale. Ces situations ont fait l’objet des préoccupations du Conseil de sécurité de l’Onu coulées, dans plusieurs de ses Résolutions pertinentes.
Cela constitue, estime-t-on, à Washington, une grave menace pour les USA. Le décret d’Obama permet d’endiguer cette menace en gelant les biens, les intérêts et les avoirs des personnes visées et citées dans la liste annexée au décret qui déclare le caractère d’urgence nationale aux USA sur cette question de la déstabilisation de la Rdc. Ordre a donc été donné au secrétaire américain au Trésor et au secrétaire d’Etat de passer à l’action.
LA RAISON DU PROLONGEMENT DES ACTIVITES
Dans l’application du décret d’Obama, il est principalement question de trouver la raison du prolongement des activités qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la RDC et de la région environnante. Il y a aussi à examiner les opérations des groupes armés, la violence généralisée, les atrocités, les violations des droits humains, le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats, les attaques contre les soldats, l’obstruction aux opérations humanitaires et l’exploitation des ressources naturelles pour financer des personnes engagées dans ces activités de déstabilisation de la RDC.
Les personnes qui sont impliquées dans les actions de sape énumérées ci-haut seront sanctionnées. Qui sont ces personnes ? Le décret d’Obama en brosse le portrait. On y retient pêle-mêle qu’il s’agit de tout leader politique ou militaire d’un groupe armé étranger opérant en RDC et qui entrave le processus de désarmement, démobilisation, rapatriement volontaire, réinstallation ou réinsertion de combattants.
Sont aussi concernés les leaders congolais qui se livreraient aux mêmes faits décrits. Ce n’est pas tout car il y a encore au tableau des personnes ciblées des responsables ou complices directs ou indirects en RDC des actions ou des politiques qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de ce pays.
Mais également les actions ou les politiques qui minent le processus démocratique ou les institutions de la RDC, le ciblage des femmes, des enfants ou des civils en commettant de violences y compris les meurtres, les mutilations, la torture, le viol ainsi que d’autres violences sexuelles, les enlèvements, le déplacement forcé, les attaques contre les écoles, les hôpitaux, les sites religieux ou des endroits où les civils se sont réfugiés.
Entre dans la même grille, toute conduite qui constituerait un grave abus ou une violation des droits de l’homme ou du droit international humanitaire, l’utilisation des enfants soldats par les groupes armés et les forces armées en période de conflit en RDC.
CONSEQUENCE NEGATIVE
En gros, le décret d’Obama bannit toute activité d’un groupe donné national ou étranger qui a une conséquence négative sur la stabilité de la RDC. Les auteurs doivent être sanctionnés. L’énumération des faits et les incriminations prévues par le décret de Barack Obama ne pose aucun problème. Mais c’est au niveau des sanctions qu’il y a à redire.
Celles-ci sont souvent inefficaces avec des groupes qui n’ont pas d’avoirs sur la place financière internationale. C’est ainsi que des sanctions du Conseil de sécurité de l’Onu contre les dirigeants du M23 par exemple, sont restées sans effet. Ils n’ont pas d’avoirs dans des banques internationales susceptibles d’être gelés.
De même, ils ne voyagent pas sur les lignes internationales pour ressentir l’interdiction des voyages. A de tels individus, des sanctions comme celles prises par le Conseil de sécurité de l’Onu, n’ont pas de raison d’être. Il faut plutôt les adapter à cette réalité. Même chose pour les ADF/NALU qui sont interdits de voyage, et risquent de voir leurs avoirs gelés. Alors qu’on sait bien que ce groupe est cloitré dans le périmètre du massif du Ruwenzori, à l’Est de la RDC et n’a aucun intérêt à à déposer de l’argent en Occident. De telles sanctions le font sourire. C’est là où les USA doivent innover. Car les sanctions de voyage et de gel d’avoirs que le décret préconise n’aboutiraient à rien pour l’Est de la RDC qui compte à ce jour, 44 groupes armés. La stratégie conséquente serait plutôt de recenser les forces occultes qui alimentent cette situation d’instabilité bien dépeinte dans le décret et de les détruire. Les sanctions feront flop.
KANDOLO M.
Source : ForumdesAs