Quelques jours seulement après sa mise en vigueur, les mêmes personnes qui ont battu campagne en faveur de la loi des lois, ont été les premières à la profaner, au vu et au su de la communauté tant nationale qu‘internationale.
Ni le législateur, ni la CSJ ne s‘est manifestée pour punir les auteurs de ces violations.
A l’exception de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi, tous les partis politiques, de l’opposition comme de la majorité, avaient battu campagne auprès de la population congolaise pour solliciter son « Oui » lors du référendum du 18 février 2006. Même le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba avait fait bloc avec quelques alliés pour faire passer cette Constitution. Les députés de la législature 1+4 étaient tous descendus sur le terrain pour ce faire, pendant que d’autres prenaient d’assaut les médias dans le même objectif.
Malgré les critiques pertinentes formulées par l’UDPS pour inciter la population à dire ” Non “ à une Constitution importée de Belgique, celle-ci est malheureusement passée, et régit jusqu’à ce jour la République démocratique du Congo.
Curieusement, quelques jours seulement après sa mise en vigueur, les mêmes personnes qui ont battu campagne en faveur de la loi des lois, ont été les premières à la violer, au vu et au su de la communauté tant nationale qu’internationale. Ni le législateur, ni la Cour suprême de justice ne s’est manifestée pour punir les auteurs de ces violations. La liberté d’opinion et d’expression consacrée par cette ”bible” n’est jamais observée, de même que le respect des droits de l’homme.
Des cas de haute trahison signalés dans la partie-Est de la RD Congo sont restés impunis. Des détournements de deniers publics devenus des faits divers.., voilà dans quel état se trouve la Constitution votée et promulguée il ya de cela 8 ans. Malgré cela, les défenseurs du” Oui” sont restés campés sur leur position, surtout ceux de la majorité. Certains opposants qui ont aussi voté “ oui “ ont du mal à le dénoncer.
Plus grave encore, à sa 5ème année d’existence, cette Constitution a été modifiée en 2011 par les parlementaires, uniquement pour des raisons électorales, question de la tailler sur la mesure d’un candidat dont l’élection à la présidentielle n’était plus évidente, sachant que le candidat Etienne Tshisekedi venait perturber tous les calculs, au regard de son incontestable popularité dans toutes les provinces de la République démocratique du Congo.
Les tireurs de ficelle de la majorité qui ont battu campagne, en 2006, pour le ”Oui”, se sont clairement manifestés pour imposer la révision de la même Constitution.
C’est ainsi qu’on est passé de l’élection présidentielle de deux tours au scrutin à un seul tour. Ce, contre l’avis de la population qui a opposé une résistance farouche.
L’Assemblée nationale fonctionnant comme une caisse de résonnance du pouvoir avec sa majorité mécanique, cette modification est passée, et les résultats ont été tels que l’opinion sait.
Aujourd’hui encore, on signale déjà des officines chargées de monter des stratégies pour tenter de modifier pour la deuxième fois la même Constitution, mais, cette fois-ci, dans son chapitre ayant trait au nombre et à la durée du mandat du président de la République.
La loi votée et promulguée en 2006 n’accorde que 5 ans de mandat au président de la République, renouvelable une seule fois. La retouche voudrait donc que le nombre du mandat soit indéterminé, rien que pour faire plaisir à une famille politique.
Dans le même sens, les mandats des sénateurs, députés provinciaux, gouverneurs des provinces… prévus pour 5 ans, sont passés aujourd’hui à 8 ans, dans le silence le plus total des législateurs et des Cours et tribunaux. Elus en 2006, ces Congolais dont les mandats ont déjà expiré, s’y accrochent encore jusqu’à ce jour.
Quant aux bourgmestres, ils n’ont jamais été élus, mais continuent de gérer les communes, de même que les conseillers communaux et autres. Pour n’avoir pas été élus, ils n’ont de compte à rendre à personne, si ce mentor qui les aide à s’éterniser n’est à leur à leurs postes.
C’est de cette manière que fonctionne la démocratie en République démocratique du Congo. On viole la loi des lois en silence.
Pendant ce temps, le nouveau découpage territorial consacré par la Constitution n’est jamais réalisé. Les 26 provinces convenues n’ont jamais été appliquées. La Cour de cassation créée en remplacement de la Cour suprême de justice, tarde à se mettre en place.
En conclusion, la fameuse Constitution est appliquée sévèrement contre les uns, alors que les intouchables continuent à la violer sans être punis ni inquiétés. Une véritable démocratie à deux vitesses.
LEFILS MATADY
(Avec Tempete des Tropiques)