Le militant actif du mouvement Lutte pour le changement (Lucha) Bienvenu Matumo, dont la disparition depuis quatre jours avait provoqué l’inquiétude de l’ONU, a été libéré par l’Agence nationale de renseignement (ANR). Il n’a, selon lui, pas subi de mauvais traitements.
« J’étais à l’ANR […] depuis samedi. Après deux interrogatoires, ils m’ont appelé vers 14h30 [13h30 GMT] aujourd’hui [mercredi 12 août] pour me dire que c’était par erreur qu’on m’avait arrêté et que moi je n’avais aucun problème avec l’ANR », a déclaré Bienvenu Matumo, .
« Je n’ai pas été torturé, mais quand même, les conditions de l’ANR sont ce qu’elles sont. […] C’est difficile », a précisé le militant, diplômé de la première promotion de la nouvelle École nationale d’administration (ENA).
Il a précisé qu’il avait surtout été interrogé sur ses liens avec Fred Bauma, un militant actif de Lucha, arrêté le 15 mars avec une trentaine de personnes qui participaient à une rencontre sur la bonne gouvernance organisée par Filimbi. Toutes ont été relâchées à l’exception de Fred Bauma, de Lucha, et Yves Makwambala, webmaster et graphiste du groupe Filimbi.
Ces derniers attendent la reprise de leur procès pour complot contre la personne ou la vie du chef de l’État et tentative de renversement des institutions.
« Intimidations »
Jose Maria Aranaz, chef du Bureau conjoint de l’ONU aux droits de l’homme (BCNUDH), a salué la libération de Bienvenu Matumo. « Cependant, la préoccupation pour les arrestations arbitraires sans supervision judiciaire demeure », a-t-il souligné. Plus tôt dans la journée, il avait déclaré qu’il fallait cesser toutes les arrestations extrajudiciaires immédiatement pour éviter l’impact négatif sur la crédibilité du processus électoral.
« Le responsable de l’ANR devrait répondre de ces actes », a pour sa part déclaré un militant de Lucha sous couvert d’anonymat. « Pour nous, cette détention rentre dans le cadre des intimidations mais nous sommes conscients que notre lutte est noble : nous demandons juste plus de démocratie, la liberté d’expression, la paix », a-t-il ajouté.
« Petits malins »
Selon un communiqué de Lucha, basé à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu (Est), Bienvenu Matumo avait disparu après avoir participé à une réunion organisée par le Parlement des jeunes autour du concept de la citoyenneté. Le texte précise qu’il avait reçu la semaine dernière des appels suspects.
Mercredi, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, avait déclaré que Kinshasa n’était pas informé de cette disparition. « J’ai l’impression qu’il y a des montages de ces jeunes, de ces petits malins. […] Nous ne savons rien du tout, rien du tout ! », avait-il déclaré.
AFP
