RDC – Clôture du Dialogue de la cité de l’UA : Un accord politique mal ficelé

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Kodjo-Kamerhe

– Pas un seul mot sur alternance démocratique

– Un mensonge flagrant sur le respect de la constitution dans son intégralité

Après plus d’un mois de discussions, les 300 délégués au Dialogue de la cité de l’UA ont bouclé leurs travaux, sous le regard amusé d’Edem Kodjo, facilitateur de l’UA. Il en est sorti  un accord politique sur mesure qui donne gagnant Joseph Kabila, sur toute la ligne. Une négation pure et simple de la Constitution. Désormais, la seule voie de sortie de la crise passe par un Dialogue véritablement inclusif. L’Union européenne et les Etats-Unis se sont déjà inscrits dans ce schéma.

 

L’accord politique du Dialogue de la cité de l’UA est là. C’est le mardi 18 octobre, la veille de la journée « ville morte » lancée le 19 octobre 2016 par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, qu’il a été adopté à l’unanimité. Le facilitateur Edem Kodjo s’est dit satisfait du travail abattu, avec une pointe d’orgueil qui n’a pas de pareil que sa motivation qui lui assure ses vieux jours plein aux as dans sa minuscule terre natale.

Au premier regard, le document sorti de la cité de l’UA est truffé d’incongruités. Comme l’a si bien rappelé le ministre français des Affaires étrangères, c’est un « semblant d’accord » qui ne résout pas le problème. Bien au contraire, il en crée bien d’autres, enfonçant davantage la RDC dans la crise. « Le grand gagnant de cet accord, c’est Joseph Kabila.

« Tout a été mis en place pour le protéger, le sécuriser et lui donner la chance de pérenniser son pouvoir », a commenté sous le sceau de l’anonymat un analyste politique proche de la majorité présidentielle. Il ne s’est trompé. Car, en parcourant l’accord sorti du Dialogue de la cité de l’UA, aucune allusion n’est faite à l’alternance démocratique. Le terme a été délibérément escamoté.

Dans l’accord de la cité de l’UA, des mots et des phrases ont été minutieusement dosés pour ne pas faire heurter le chef de l’Etat. C’est donc un accord mal ficelé, taillé sur mesure, dans le seul but de plaire à Joseph Kabila. De toutes les façons, il ne pouvait pas en être autrement. En le convoquant, le chef de l’Etat s’était entouré de toutes les garanties possibles pour que l’accord politique qui sortira de la cité de l’UA l’aide à rempiler sans beaucoup de difficultés.

Kabila, grand gagnant et après ?

Le mardi 19 octobre 2016, le président de la République a obtenu gain de cause mais aussi un peu plus de galons qui le réconfortent quant à son avenir à la tête de la RDC. Qu’importe si la Constitution doit être violée avec un Premier ministre issu des rangs de l’Opposition, du moment que, par la voie du Dialogue,  l’article 220 qui le disqualifie à la prochaine présidentielle, a été levé.

En outre, le document de la cité de l’UA est un tissu de mensonges. C’est la preuve épatante de l’intention délibérée  de 300 délégués qui ont coalisé pour faire fi des aspirations profondes du peuple qui, une fois de plus, a démontré, le mercredi 19 octobre 2016, qu’il continue à croire à l’alternance démocratique.  En réalité, les délégués au Dialogue se sont protégés mutuellement. D’un côté, la Majorité présidentielle a obtenu le glissement du cycle électoral, et de l’autre, l’Opposition a obtenu la promesse de gérer le gouvernement.

Du préambule jusqu’au dernier chapitre de l’accord politique, c’est la Constitution qui est violée de tout en bout. Contrairement au préambule de la loi fondamentale. Cyniques, les délégués au Dialogue de la cité de l’UA ont déclaré pince sans rire: « Nous fondant sur la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, telle que modifiée à ce jour, la Résolution 2277 (2016) du Conseil de Sécurité des Nations Unies du 30 mars 2016et les autres instruments juridiques et normatifs nationaux et internationaux pertinents; Nous engageant à respecter la Constitution dans son intégralité; Ayant constaté la nécessité d’un Dialogue Politique National et Inclusif depuis quelques années, et en vue d’améliorer le processus électoral, de régler les contradictions en résultant et de prévenir les crises politiques pouvant en découler;… ».

Avec la complicité d’Edem Kodjo, la RDC a une fois de plus raté une occasion de se réconcilier avec elle-même. En se fiant sur un seul son de cloche, notamment celle de la Majorité présidentielle, le Togo s’est disqualifié vis-à-vis du peuple congolais. Bref, il a failli à sa mission. Les morts des 19 et 20 septembre 2016 lui resteront à jamais collés à  la peau. Par sa faute, le forum national voulu inclusif et voie de sortie de la crise, a chaviré.

Voie de sortie ?

La voie de sortie de crise passe par ce que propose la communauté internationale. Le chemin de survie reste, comme l’a rappelé le 17 octobre 2016 à Bruxelles le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne, un dialogue politique inclusif qui réunit autour de la table tous les acteurs majeurs de la scène politique congolaise. Les Etats-Unis viennent d’emboucher le discours de l’Union européenne en appelant à leur tour « à un dialogue inclusif pour le premier transfert pacifique et démocratique de pouvoir en RDC ».

Loin de s’entêter, la majorité au pouvoir et ses alliés de la cité de l’UA, ferait mieux de lire les sièges de temps. La sagesse rappelle que « quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par poindre ». C’est dire que, malgré ses stratagèmes pour gagner du temps en retardant le plus possible l’élection présidentielle, le peuple congolais aura droit à l’alternance démocratique. La communauté internationale qui veille au grain a choisi son camp. Elle s’est totalement rangée derrière le peuple et toutes les forces acquises au changement. Envers et contre tout, l’accord politique de la cité de l’UA ne règlera pas le problème. Conçu dans un cadre compromis à l’avance, il porte en lui les germes de son échec. C’est un mensonge flagrant sur le respect de la constitution dans son intégralité

Avec POTENTIEL

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