RDC : La messe de Kingakati dévoile les véritables intentions de Joseph Kabila

3

Kingakati1

Dans un article publié le 11 mars en cours, intitulée « Quel avenir politique pour Joseph Kabila ?« ,  DESC a partagé une analyse de Timothée Tshaombo Shutsha, ancien chargé de mission du président Kabila entre 2006 et 2008, sur le débat autour des enjeux et perspectives du processus électoral en cours en RDC. L’auteur a relevé la menace, plus que réelle, qui pèse sur  cette jeune démocratie, s’il arrivait que le président Joseph Kabila modifie soit la constitution soit certaines dispositions de la loi électorale pour se maintenir au pouvoir au-delà de l’échéance de son mandat présidentiel qui prendra fin en décembre 2016. Nous avons conclu notre analyse en prédisant que : « … Les jours à venir seront riches en tristes événements si le peuple Congolais ne prend pas son destin en main… » Depuis lors, plusieurs médias de la presse écrite et audiovisuelle, nationaux et étrangers, ont consacré des rubriques entières de leurs rédactions à cette question brûlante qui fait l’actualité non seulement au Congo, mais aussi bien dans la région de l’Afrique centrale.

DESC ne s’est pas trompée. En effet, le voile commence peu à peu à se lever depuis que les déclarations successives et rassurantes de certains hauts cadres de la majorité présidentielle (MP), notamment le président de l’assemblée nationale, Aubin Minaku et le ministre des médias, Lambert Mende, criant haut et fort que Kabila quittera le pouvoir en 2016, ont été immédiatement contredit  de manière virulente par leurs camarades, Mashala, Alain Atundu et les autres.Eh bien Joseph Kabila vient de fixer sa famille politique, l’opinion nationale et internationale sur ses réelles intentions quant à cette question. Cela s’est passé le 19 mars dernier dans sa ferme de Kingakati, située à 80 km à l’est de Kinshasa. Au menu, question cruciale de la révision de la Constitution, de son mandat, ainsi que de la mise en place du fameux gouvernement de cohésion nationale, appelé gouvernement de combat et bien d’autres questions liées au contexte sociopolitique et international du moment.Dans notre quête de recherche d’information, DESC a réussi à avoir immédiatement après sa tenue, le feedback de cette rencontre convoquée personnellement par le chef de l’Etat congolais. Notre source nous a décrit un Joseph Kabila serein, posé, en même temps préoccupé, qui a prononcé son allocution  de circonstance sur un ton combatif qui ne cache pas une déclaration de guerre. Mais la guerre contre qui?

Selon notre source, qui est un haut cadre féminin de la MP, le président de la république a, à un certain moment de son adresse, donné l’image d’une victime ; une victime apparemment donnant l’impression de quelqu’un qui a été empêché de parler depuis longtemps et déterminé désormais à briser le silence… pourquoi pas à régler ses comptes. « Comment voulez-vous, dit-il, que depuis Mzee Laurent Désiré Kabila jusqu’à maintenant, nous puissions diriger le pays avec les Nations Unies? Que durant tout notre mandat, chers compatriotes, nous puissions avoir deux gouvernements parallèles, celui du peuple congolais et celui des autres à travers la Monusco, (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo) ? Il est temps que nous prenions toutes nos responsabilités et en ce qui me concerne, je n’ai pas peur de me livrer à cette bataille… »

Notre source, refusant nous révéler la suite réservée au projet de la modification de la Constitution, s’est contentée de cette prise de position tout en nous précisant qu’une nouvelle équipe gouvernementale sera formée sous peu pour relever le défit de ce combat.

Bien plus, le communiqué de la majorité présidentielle rendu public par son porte parole, Sébastien Luzanga Shamandevu, le 21 mars, vient de confirmer les prédictions de plusieurs analyses publiées dans le site DESC ainsi que celles de plus d’observateur. La majorité présidentielle, avec Joseph Kabila en tête, décide de changer le mode de scrutin des députés provinciaux, passant du suffrage universel direct au suffrage indirect. Il s’agit là de toucher à nouveau les dispositions  constitutionnelles, dont la révision est formellement proscrite d’aucune manœuvre quelle qu’elle soit.

D’autres sources, ayant requis l’anonymat, ont confirmé cette option, allant même à nous précise qu’il y’ aurait  un changement du calendrier électoral qui risquerait de prendre l’opposition politique à contre-pied, car tous les moyens et subterfuges juridiques mis à disposition du pouvoir par la Constitution seront décortiqués et exploités par une équipe d’experts constitutionnalistes au service de Kabila, dont les noms ne sont plus un secret de Polichinelle. Cette équipe est déjà à pied d’œuvre pour passer sous examen les modalités de la révision de la constitution et/ou de la modification unilatérale des dispositions de la loi électorale sus-évoquées.

Malgré cela, Kabila rassure tout le monde qu’il va respecter la constitution. Comment et par quelle magie?

Bref rappel des faits historiques

Il sied de rappeler que Joseph Kabila est arrivé au pouvoir en 2001, dans un contexte nébuleux, succédant à « son »… père Laurent-Désiré Kabila, assassiné à Kinshasa au Palais de Marbre, dans des conditions non élucidées jusqu’à ce jour. Suites aux tractations menées sous la supervision des diplomates américains en poste à Kinshasa, les proches collaborateurs de Laurent-Désiré ont fini par désigner Joseph Kabila pour conduire la transition. Les premières actions du plus jeune chef de l’Etat au monde à l’époque étaient d’aller à contre-courant et d’annuler quasiment toutes les décisions prises par son prédécesseur. Alors que ce dernier était diplomatiquement isolé, Joseph Kabila s’est empressé à, sillonner le monde entier en quête de légitimation, de reconnaissance  et de soutien international. Des préalables devant lui permettre de relever mener les défis de l’ère, qui tournaient autour de la mise en application de l’Accord de Lusaka signé en 1999. L’accord de Lusaka prévoyait la mise en place des négociations politiques intercongolaises sous forme d’un dialogue global et inclusif devant déboucher à la formation d’un gouvernement de transition et à la tenue des premières élections démocratiques post-conflit.

La réunification n’était réalisée qu’au niveau politique et militaire, mais pas sur le plan financier. Ainsi, fallait-il recourir aux partenaires traditionnels. L’apport financier, humain et logistique de la communauté internationale pour l’aboutissement de ce long et pénible processus transitoire a été déterminant pour faire poser les bases du redécollage du pays déchiré pendant plus d’une décennie par la loi des seigneurs de guerre invités à la table des négociations. Des fonds débloqués par l’occident et la chine, d’une équipe d’experts réunis au sein du CIAT, Comité International d’Accompagnement de la Transition, du contingent de l’EUFOR de l’UE pour sécuriser les élections, il faut le rappeler, sont autant des facteurs qui ont concouru à un atterrissage indolore de ce processus fastidieux et au maintien de Joseph Kabila au pouvoir.

Quelques interpellations

Tout le monde sait que Joseph Kabila a été soutenu par cette communauté internationale pour rester au pouvoir. Pouvons-nous dire au jour d’aujourd’hui que le chef de l’Etat congolais n’a plus besoin de ses partenaires traditionnels qu’est l’occident?

Joseph Kabila est-il suffisamment sûr et indépendant pour se permettre de fouler au pied tous les instruments des règles juridiques et démocratiques ratifiés par la RDC, et dont il affirme défendre à chaque fois qu’il se rend aux assemblées générales de L’ONU et prend la parole?

Le président Kabila joue-t-il à une diversion, en donnant l’impression de s’attaquer à la communauté internationale alors qu’en réalité les deux parties jouent sur le dos du peuple Congolais pour l’endormir de nouveau?

N’est-ce pas que les multinationales prédatrices et peu scrupuleuses de ces pays trouvent bien leurs comptes dans la gouvernance affairiste de Kabila et le contexte actuel de la crise à l’est de la RDC (la stratégie du chaos) ?

Alors nous nous posons la question de qui Kabila déclare ne pas avoir peur ? Des grandes puissances qui le soutiennent jusqu’ici ou du peuple Congolais dont il voudrait, avec ses multiples alliés, jouer un mauvais tour en se maintenant au pouvoir de force?

Est-ce les avertissements des différents envoyés spéciaux des ces puissants du monde, dont celui des Etats-Unis, sont-ils de nature à nous endormir davantage?

Si c’est ne pas là cas, alors à l’opposé, Joseph Kabila est-il déterminé, en bon soldat, de défendre son pays jusqu’au sacrifice suprême comme a payé son Père Mzee Laurent-Désiré Kabila? Avec le gouvernement dit de combat, comme s’interrogeait M. Wondo dans une analyse sur les personnalités à tenir à l’œil en 2014[1], qu’est-ce que le raïs congolais compte réaliser en deux ans, qu’il n’a put faire depuis  son accession au pouvoir ?

Cette équipe gouvernementale attendue, dite de combat, n’est-ce pas le fameux gouvernement dont les concertations nationales ont réclamé et au sein duquel pourraient se retrouver les cadres assassins du M23 et leurs anciens alliés du CNDP et RCD ainsi que et d’autres traitres qui vont faire leur entrée triomphale aux institutions nationales, et être appelés Excellence et vénérable, boss sur le sang de nos compatriotes?

Comme le mentionne le livre le plus lu au monde, personne ne peut lire les intentions des gens. Seulement, de l’abondance du cœur que la bouche parle. Ainsi, les propos, faits et gestes des hommes politiques qui ont la destinée de leurs nations entre leurs mains, reflètent souvent leurs intentions, leur volonté, lesquelles sont analysées et passées au crible par l’opinion publique pour éclairer sa lanterne.

A cet effet, dans le contexte du Congo-Kinshasa, point n’est plus besoin de rappeler les dispositions constitutionnelles interdites et verrouillées reprises dans certaines analyses publiées sur le site de DESC.

En somme, la réaction de deux acteurs majeurs reste à craindre. A savoir le peuple Congolais, dans sa prise de conscience et sa détermination pour affronter cette infamie qui n’a pas encore dit son dernier mot, ainsi que la communauté internationale, considérée par les uns comme étant le seul espoir et par les autres comme couteau à double tranchant, au regard de ses intérêts.

Ainsi donc, pour ce qui concerne le peuple congolais, il suffit d’ouvrir la même Constitution, dans le journal officiel à la page 5 de l’exposé des motifs, qui stipule que cette constitution a été rédigée entre autre chose… » pour contrer toute dérive dictatoriale…et assurer une alternance démocratique »…

Le peuple congolais est actuellement seul au milieu du monde. Seul devant son histoire. Seul contre tous, tous y compris ceux en qui il a placé sa confiance, ses propre fils et filles. Eh bien la plénitude  de la souveraineté d’un peuple s’exerce dans ce contexte par lui-même, dans sa capacité d’arrêter le fonctionnement des institutions de sa république même en cours de mandat, renverser de manière populaire ses dirigeants devenus corrompus et traitres pour organiser de façon anticipée des nouvelles élections. Les exemples sont légions, en Tunisie, Niger, Sénégal, Malawi etc.

Il est indispensable enfin, de signaler en ce qui nous concerne, que toute raison, explication ou contenu qui sera donné par la majorité du président Kabila pour modifier ou changer l’ordre constitutionnel établi, est une dérive dictatoriale qu’il faut à tout prix, de toute les manières et avec les moyens de toutes sortes contrer. D’ailleurs l’article 64, dans son alinéa premier mandate le peuple Congolais en ce sens : « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution… (…) »

Timothée TSHAOMBO SHUTSHA.

Journaliste analyste politique

(Source : desc-wondo.org)

3 COMMENTS

  1. Cher energumaine Kanambe hypolite tu seras enormement surpris de la volonté et la capacité de peuple Congolais pour prendre leur liberation, ton sort sera plus dramatique que celui de Samuel Do et kadhafi, tu sera mangé comme un cabri.

  2. Bonjour,

    Un grand merci à Mr Thimotée Tshaombo pour votre analyse et écriture.
    J’ai aimé lire votre éditorial, Bravo et félicitation.
    En effet, le peuple Congolais doit prendre sa responsabilité et arrter de compter que le salut viendra d’ailleurs.

  3. Le moment est venu pour le peuple congolais de pouvoir ecrire son propre histoire; de decider sur son destin et son avenir. Ne laissons plus les autres ecrire cela pour nous. Si nous ne prennons pas l’avenir de notre pays en main aujourd’hui alors le peuple congolais est appele a disparaitre: sa nation, notre culture et notre droit.
    Qu’allons-nous laisser comme heritage a notre futur generation????
    Nos ancetres ont combattu et nous ont laisse notre chere terre: le Congo!
    Mais nous, que allons-nous legguer a nos enfants???

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here