L’énigmatique leader de l’UDPS est-il politiquement en congé sabbatique ? Tshitshi se serait-il réconforté dans sa posture de « chef de l’Etat autoproclamé ? » On s’interrogerait ainsi jusqu’à l’infini.
Par où est donc passé le charismatique et incontournable leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ? Question légitime des Kinois, mais pour l’instant sans aucune réponse. Une évidence cependant, Etienne Tshisekedi n’est plus ni vu ni entendu depuis plusieurs années. En tout cas, l’opposant historique au régime du maréchal Mobutu a été entendu pour la « dernière » fois en 2011. Précisément lors de la vague des contestations des résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011. En ce moment de grands enjeux politiques en RD Congo, le silence olympien du sphinx de l’avenue Pétunias, Place 10ème rue Limete, suscite des interrogations.
Dans les rues de Kinshasa, la posture actuelle d’Etienne Tshisekedi est diversement commentée. A tout le moins, le leader de l’Udps s’invite aux sujets de grands débats politiques. Si le mutisme « tshisekedien » peut, à la limite, réconforter les différentes loges politiques du pouvoir en place, en tout cas ce n’est pas le cas de nombreux partisans de l’Opposition qui attendent impatiemment le point de vue de leur leader sur bien des sujets. En l’occurrence la cacophonie actuelle sur le projet de loi portant révision de la constitution. A cela s’ajoute le processus électoral. En toile de fond, le calendrier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui a mis la classe politique en transe. En témoigne, la « saga » qui a emballé les majors aussi bien de l’anti pouvoir et de la plurielle société civile. Les églises y comprises.
Les débats actuels autour des sujets considérés comme sensibles ne sont plus tabous. Dans une sociologie politique particulière comme celle de la RD Congo, où la plupart des acteurs meublent leur temps dans la recherche invétérée du sensationnel, on en est arrivé à anticiper l’après-2016. C’est donc cette datte butoir de la fin constitutionnelle de la mandature actuelle du président Joseph Kabila, qui semble intéresser au plus haut degré les acteurs politiques de l’Opposition. Par rapport à ces différents sujets, il ne serait donc pas mal venu que les véritables faiseurs d’opinion, et non pas les fous du roi, puissent donner de la voix. Le cas d’Etienne Tshisekedi, quand bien même son prisme politique actuel serait quelque peu en baisse, par rapport à son aura des années Mobutu.
E. TSHISEKEDI DANS L’EMBARRAS ?
Il se compte à l’heure actuelle, plusieurs tendances de l’opposition politique en RD Congo. On dirait même plusieurs « sections ». D’un côté, l’Opposition républicaine avec en tête, Léon Kengo Wa Dondo. De l’autre, la Convention pour le vrai dialogue (CVD) regroupant les Kamerhistes. De son côté, le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba se trouve manifestement dans une logique de non-alignement. Il n’est donc ni dans le camp des Kengistes ni dans celui des Kamerhistes. Les Forces novatrices pour l’union et la solidarité (FONUS) de Joseph Olenghankoy, ne se reconnaissant ni dans l’Opposition républicaine ni dans la Convention de Vital Kamerhe, entend mettre sur pied sa propre plate-forme politique : Debout congolais.
Dans ce contexte d’une Opposition politique plurielle, il est évident que le choix d’appartenance idéologique devienne difficile. Et même très embarrassant. Est-ce le cas pour Etienne Tshisekedi ? Mais, quelle que soit l’hypothèse, il faut bien connaître l’homme de Limete. Tshitshi se retrouve dans une posture qui impose les autres acteurs de l’Opposition d’effectuer le premier pas vers lui. En tout cas, pas le contraire. Lui qui se considère comme leader naturel de l’Opposition, n’entendrait faire aucune concession avec les autres qu’il estime avoir vus venir.
Mais au-delà de ce qui peut paraitre comme sa marque de frabrique, Etienne Tshisekedi se trouve également dans une situation quelque peu embarrassante. Précurseur de la fameuse doxa « vérité des urnes », l’incontestable et incontesté président de l’Udps doit-il encore tenir un discours anti-pouvoir, lui qui s’est autoproclamé « président élu » du scrutin de 2011 ? Auquel cas, il serait en contradiction avec lui-même. Alors, ceux qui attendent entendre avec impatience la voix d’Etienne Tshisekedi, devront alors prendre leur mal en patience. Peut-être attendre la fin de son « mandat » en 2016.
Laurel KANKOLE
@VoiceOfCongo
Source : ForumdesAs