L‘Église catholique a décidé d’annuler les marches qu’elle comptait organiser en février en République démocratique du Congo (RDC) en mémoire de chrétiens tués en 1992 à Kinshasa. Cette décision a été prise par crainte de « récupération » politique dans un climat préélectoral tendu, selon un document reçu mercredi 13 janvier par l’AFP.
La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait annoncé fin novembre une « marche pacifique (…) dans tous les diocèses pour consolider la démocratie, le 16 février 2016 », en mémoire de la « marche des chrétiens » réprimée dans le sang par le régime du dictateur Mobutu Sese Seko le 16 février 1992 à Kinshasa.
« Cette initiative a suscité des attentes contrastées et démesurées chez nos compatriotes », écrit le président de la Cenco, Mgr Nicolas Djomo dans une lettre adressée à tous les évêques du pays.
« Les uns y ont vu une action citoyenne aux fins politiques, d’autres ont envisagé une contremarche à la même date » et « le Saint-Siège nous a fermement recommandé de suspendre les initiatives qui peuvent être manipulées pour des fins politiques », lit-on dans cette lettre datée du 5 janvier.
« Conscient du risque de récupération de notre initiative et d’affrontements éventuels entre les manifestants, il nous a semblé judicieux de surseoir à cette marche », ajoute Mgr Djomo, qui appelle ses pairs à transmettre cette information dans leur diocèse.
La tenue de la présidentielle incertaine
Au pouvoir depuis 2001, le président Joseph Kabila voit son deuxième mandat arriver à échéance en décembre 2016 sans possibilité de se représenter, aux termes de la Constitution.
Faute de fichier électoral à jour, la tenue d’une élection présidentielle viable avant la fin de l’année apparaît chaque jour plus improbable.
M. Kabila propose la tenue d’un « dialogue national » en vue d’ »élections apaisées » (mais retardées), dénoncé comme un « piège » par la majeure partie de l’opposition, qui l’accuse de manoeuvrer pour se maintenir en fonctions.
Samedi, le Front citoyen 2016, rassemblement antikabiliste nouvellement créé de partis politiques et d’associations, a annoncé qu’il comptait participer « activement » à l’appel de la Cenco à marcher le 16 février.
Mardi, la majorité a appelé à une « marche pour la paix » le même jour dans tout le pays.
L’épiscopat multiplie depuis des mois les interpellations à l’égard du pouvoir en insistant pour que la présidentielle ait lieu dans les délais prévus par la Constitution.
L’audience dont jouit l’Église sur les questions politiques s’étend bien au-delà des quelque 40 % de catholiques que compterait le pays, du fait du rôle majeur qu’elle a joué dans l’ouverture démocratique du début de la décennie 1990.
Avec AFP