RDC, Les non-dits du discours de Minaku: Présidentielle et législatives intentionnellement oubliées

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Dans une course folle visant à tirer des griffes de la Constitution son autorité morale, la MP fait abstraction de tout et de tous. Mardi, à l’ouverture de la session ordinaire du Parlement, Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale a fixé les priorités de sa famille politique : les provinciales et les urbaines. En 2016, son agenda exclut intentionnellement la présidentielle et les législatives nationales, pourtant essentielles. Une façon de préparer le lit au référendum constitutionnel. Or, le peuple est formel là-dessus : l’alternance doit intervenir à l’issue du scrutin du 27 novembre 2016.

Rien ne rassure quant à la poursuite sans heurts du processus électoral. En 2016, il faudra s’attendre à de chaudes empoignades. La Majorité présidentielle (MP), qui continue à nourrir l’idée du glissement, ne cache plus ses vraies intentions. Chaque jour qui passe, elle envoie des signaux qui témoignent de sa nette détermination à sauver son autorité morale des dispositions verrouillées de la Constitution qui lui barrent la route vers un troisième mandat présidentiel. Dans la MP, on se bat comme un diable dans un bénitier pour sortir des griffes de la loi des lois.

Jusqu’à présent, toutes les tentatives de la MP pour contourner le verrou constitutionnel se sont soldées par un échec cuisant. La révision de la Constitution, annoncée avec la promesse d’inanition, s’est butée à une résistance farouche du peuple congolais. Acculée, la MP a dû afficher profil bas pour faire passer la tempête. Sans lâcher prise, elle rebondira par la suite avec une nouvelle tentative : la révision de la loi électorale. Elle voulait conditionner l’élection présidentielle et les législatives nationales aux résultats de l’identification et du recensement de la population. Là aussi, la grogne de la rue lors des journées de 19, 20 et 21 janvier 2015 l’a fait reculer.

Entêtée comme une mule, elle ne s’est pas avouée vaincue. Elle a imaginé une prise de finition, à savoir la tenue du dialogue politique. Mal lui en a pris, car elle n’a pu réussi à imposer son projet macabre à l’ensemble des forces politiques et vives de la nation. Pourquoi ? Tout simplement, soutiennent des observateurs avisés, parce que son agenda a été mis à nu. Il s’agit de trouver un point d’ancrage pour l’avenir politique de Joseph Kabila.

Sans capituler, la MP est revenue à l’attaque, par la voix de son secrétaire général : le dialogue inclusif se tiendra « quel qu’en soit la forme ».

LES SCRUTINS OUBLÏÉS

Qu’en est-il alors du processus électoral ? En effet, la Majorité est collée à sa logique le départ. Les élections, à commencer par la base, reste inéluctable. Là aussi, Minaku s’est montré imparable. C’est notamment lorsqu’il a indiqué qu’en cette session de mars « l’Assemblée nationale devra remplir sa part de responsabilité au courant de cette session en adoptant les lois essentielles pour une mise en œuvre efficiente du processus électoral». Autrement dit, ces lois essentielles se limitent à deux, à savoir le « projet de loi modifiant et complétant la loi n 004/028 du 24 décembre portant identification et enrôlement des électeurs, et le « projet de loi sur la répartition des sièges pour les élections provinciales et urbaines ».

Qu’en est-il alors de la présidentielle et des législatives nationales ? A ce sujet, Minaku est resté muet. Un silence qui cache bien de vilains tours. Par simple déduction, avec une session ordinaire censée se terminer le 15 juin 2016, l’on voit très mal le Parlement reprogrammer l’examen des lois portant sur la présidentielle et les législatives nationales à la session de septembre. En termes de timing, le délai paraît si court qu’on serait déjà en plein glissement. La pilule ne peut passer aussi facilement.

LE RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL EN EMBUSCADE

En grattant un tout petit peu le discours d’ouverture de la session parlementaire de Minaku, l’on finit par découvrir que l’Assemblée nationale est poussée à avaliser un projet que tous redoutent, en l’occurrence la modification des règles de scrutin présidentiel. Dans les couloirs du Parlement, l’on dit que la MP aurait préparé un projet de référendum pour y arriver. Conscient du bond que la MP voudrait effectuer au-delà de 2016, Aubin Minaku n’a placé aucun mot sur la répartition des sièges aux législatives nationales, alors que la nouvelle configuration de la territoriale l’exige. Les circonscriptions devraient automatiquement changer avec les 26 provinces.

Ceci expliquant cela, l’on comprend aussi le silence coupable qu’affiche la Céni concernant la publication du calendrier et du budget électoraux. Elle attendrait les instructions de son maître à penser qu’est la MR De celle-ci viendrait la suite du plan de vol électoral. Ce qui reste sûr, c’est que la présidentielle et les législatives nationales ne sont inscrites dans ni dans l’agenda de la MP, encore moins dans celui de la Céni.

Raison pour laquelle les jours à venir s’annoncent mouvementés. Minaku l’a annoncé en indiquant que la session de mars sera « nécessairement et indubitablement politique et se mouvra dans une ambiance préélectorale ». Ses pressentiments sont vrais quant on sait que la MP a fait fi de multiples appels de la communauté internationale en ce qui concerne l’urgence à publier le calendrier et le budget électoraux, C’est dire que la MP a juré de tout mettre en œuvre pour réussir son coup… le glissement. Sauf, qu’elle a tort de négliger la donne souverain primaire. Celui-ci a déjà à plusieurs reprises dit non au recensement et au référendum, deux projets qui l’empêchent de s’acquitter de ses obligations constitutionnelles : choisir librement ses dirigeants à tous les niveaux, dans les délais constitutionnels.

LE POTENTIEL

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