En République démocratique du Congo, retour sur les manifestations qui s’étaient déroulées à Kinshasa il y a tout juste un an. Le 19 janvier 2015, des manifestations contre la révision de la loi électorale avaient été suivies de répressions. Plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées. Pour commémorer ces évènements, l’opposition congolaise a organisé des conférences-débats, mais la police est déployée pour empêcher la tenue de ces réunions.
A la terrasse d’un bar de Kinshasa, il n’y a pas de réunion. Elle devait avoir lieu, mais le bar a été fermé et investi par des policiers. Un homme, qui est entré pour demander où était son fils, a appris qu’il avait été arrêté. Selon les organisateurs de cette conférence-débat, 25 personnes qui se trouvaient à l’intérieur auraient ainsi été arrêtées par la police.
Les forces de l’ordre, de leur côté, disent tout simplement que la loi interdit de faire cette manifestation ici, et la presse n’est pas autorisée à rentrer. Depuis, les policiers sont partis et se sont postés au bout de la rue pour suivre l’évolution de la situation.
Des scènes identiques se sont déroulées dans d’autres lieux de la capitale. Les prêtres de certaines églises ont été surpris de voir des policiers arriver et leur dire qu’il ne fallait pas qu’il y ait des messes en souvenir de ces victimes, que c’était un ordre du gouvernement en raison d’un risque de troubles. Un de ces prêtres estime que cette intervention est une atteinte à la liberté de confession.
Nous les avons simplement empêchés de se réunir en les dispersant, parce que les attroupements devenaient hostiles, au regard du contenu des tracts qu’ils ont jetés dans la ville.
L’armée du salut, dans le quartier de camp Luka. C’est là que devait se tenir la conférence-débat animé par Martin Fayulu, le président de l’Ecidé et membre de la dynamique de l’opposition.
Une quinzaine de policiers de part et d’autres de la route assurent qu’ils occupent cette position tous les jours. Une déclaration qui laisse circonspect plus d’un passant. « C’est faux, archi-faux. C’est à peine que je venais d’apprendre ça [la tenue d’une conférence-débat de l’opposition] et on me dirait que les policiers sont là pour empêcher les opposants ? Bon. Ce n’est pas du tout catholique, ce n’est pas bien. »
Dans une paroisse où devait se tenir une messe du souvenir, sur demande du Front citoyen 2016, l’un des prêtres est tout aussi ennuyé. « A deux reprises nous avons reçu des groupes de policiers, confie-t-il. Ils voulaient s’assurer si on avait une messe ou pas. Alors ils nous ont recommandé de ne pas avoir la messe, de ne pas l’organiser parce que le gouvernement a refusé. » Ce prêtre estime que c’est une atteinte à la liberté de culte qui « n’est pas de nature à apaiser les cœurs ».
Un article de RFI