RDC – Ni calendrier ni budget électoral : Les élections compromises au nom de la « souveraineté »

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Ceni RDC

Les autorités de la RDC sont de venues allergiques, insensibles, sourdes voire imperméables aux sages conseils des partenaires extérieurs. Elles ont affiché une arrogance déconcertante en réaction au dernier appel de la Commission européenne qui a présenté l’urgence de publier un calendrier et un budget électoraux. Au nom d’une « souveraineté » mal définie, Kinshasa a décidé de torpiller le processus électoral en prenant en otage la Céni, devenue pour la circonstance un instrument au service de la MP.

La majorité au pouvoir, sentant lui échapper entre les doigts le projet de glissement du processus électoral, est sur ses dents au point qu’elle fait feu de tout bois. Alors qu’en principe, elle devrait s’acquitter de son obligation constitutionnelle d’organiser les scrutins conformément aux prescrits de la Constitution, elle trouve prétexte à tout, rejette tout ou justifie tout. Au gré de ses humeurs.

Pour l’instant, la majorité au pouvoir donne l’impression d’être un fauve blessé qui sort les griffes et les crocs au moindre bruissement des feuillages. Le dernier cas en date est sa réaction à la déclaration de la délégation de l’Union européenne et de l’ensemble de la communauté internationale. Dans ce document, l’UE invite Kinshasa à publier le calendrier électoral pour le cycle 2016-2021.

Dans des diatribes dont il détient seul le secret, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, a eu des mots qui ne font l’ombre d’aucun doute sur la détermination des institutions de la RDC à affronter toute tentative de heurter la souveraineté du pays. C’est de bonne guerre, dirait-on. Mais, là où le bât blesse c’est lorsque les autorités oublient qu’en dehors de cette posture souverainiste vis-à-vis de l’étranger, il y a aussi l’agenda national qui voudrait que la démocratie puisse respirer en conformité avec les, règles librement souscrites et largement acceptées par la majorité des Congolais à travers un référendum historique où le «Oui » l’avait emporté à 85%.

Cette exigence constitutionnelle porte sur l’alternance à la tête du pays à travers des élections régulières et à espaces de temps bien déterminés, à savoir toutes les cinq années. Inaugurée en 2006, la série s’est poursuivie couci-couça jusqu’en 2011. En 2016, tous les espoirs sont permis de vivre un grand moment historique de l’alternance pacifique au sommet de l’Etat. Jusque-là, rien n’est encore perdu, mais des signes qui se tissent chaque jour tel un drap au- dessus du processus électoral ne poussent guère à l’optimisme.

Du gouvernement, en passant par toutes les autres institutions dont les animateurs sont de la majorité ou partagent les mêmes vues que celle-ci, il apparaît clairement que les gestes posés ne visent pas une organisation dans les, délais des élections. Tout porte à croire que des manœuvres dilatoires sont de stricte observation en vue de faire traîner les choses en longueur et obtenir au final soit un glissement du calendrier, soit modifier les règles du jeu.

La Majorité présidentielle multiplie des entraves à l’organisation de la présidentielle en même temps qu’elle prive la Commission électorale nationale indépendante de moyens pour son fonctionnement. Objectif: empêcher la tenue d’élections dans le délai. Il est même curieux de constater que des opérations qui étaient demeurées longtemps en jachère ont été exhumées afin de multiplier des obstacles légaux à l’organisation des élections.

Dans ces conditions, invoquer la souveraineté pour justifier l’injustifiable revient à cracher plutôt sur le souverain primaire qui s’est offert l’occasion d’exprimer ses choix de la base au sommet à des échéances précises.

 

NI CALENDRIER, NI BUDGET

Comme pour se donner bonne conscience, la MP se décharge sur la communauté internationale, agitant même le spectre de l’implosion et de l’explosion, si l’on respecte la Constitution et les délais prévus. Comme argumentaire, c’est très faible. Dans cette stratégie du fait accompli, il se constate que le calendrier qui devrait mettre tout le monde au travail en vue des élections est gardé dans les tiroirs de la Céni, laquelle est prise en otage par la MP. Pour les opposants, l’inféodation de la centrale électorale ne fait plus l’ombre d’un doute. C’est flagrant !

Refuser de publier le calendrier signifie en d’autres termes « nous y sommes, nous y restons », même s’il faut marcher sur le cadavre de la Constitution en vigueur. Pire, en ne publiant pas le calendrier, tout le monde est mis en attente. Personne ne peut se mouvoir dans la population, ou au sein de la communauté internationale. Comment en effet apporter une quelconque contribution sans que rien ne soit prévu ? De la même manière, en ne rendant pas public le budget réaliste des élections, la Céni bloque tout le monde, et de concert avec le gouvernement, impose son tempo à cette danse du glissement aux conséquences incalculables et imprévisibles.

La publication du calendrier et du budget permettra de bien cerner les options fondamentales levées dans l’organisation de l’ensemble des opérations électorales. Ne pas le faire n’est pas un acte de bravoure et de patriotisme souverainiste. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une entrave au bon fonctionnement des institutions de la République en conformité avec la loi fondamentale adoptée par le peuple congolais.

Au nom de la souveraineté, la MP devrait s’abstenir de violer les lois de la République d’autant plus que dans le cas d’espèce, les partenaires de la RDC rappellent simplement ce que les Congolais eux-mêmes avaient décidé et coulé sous forme de règle commune. Cela n’équivaut en rien à de l’ingérence ou du diktat.

LE POTENTIEL

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