RDC – Présidentielle 2016 : la MP se plie à la Constitution

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Le pavé de Lambert Mende : « Les élections se dérouleront conformément à la Constitution »

Hier jeudi le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a créé la surprise en déclarant devant la presse que « Les élections se dérouleront conformément à la Constitution ». Sur la même lancée, il a ajouté qu’« On ne peut pas affirmer que les élections dépendent du dialogue ». Que déduire : la MP aurait-elle capitulé en renonçant à son projet de glissement du processus électoral ? On est tenté d’y croire même si dans l’Opposition l’on reste prudent en se disant que la MP peut rebondir à tout moment, à l’instar de tout félin.

 

La Majorité présidentielle (MP) promet de se plier totalement à la Constitution. Elle n’en fait plus un sujet tabou. Devant la presse, Lambert Mende a pris cet engagement. La MP, promet-il, ne dérogera pas aux règles électorales prévues dans la Constitution. C’est dire, même dans l’organisation de la présidentielle, dont le corps électoral doit être convoqué, selon l’article 73 de la Constitution, 90 jours avant la fin du mandat présidentiel, soit le 20 septembre 2016 au plus tard, la MP n’y voit plus d’inconvénients.

 

A tout prendre, les déclarations de Mende marquent un tournant dans la poursuite du processus électoral. L’on peut se dire que la Majorité a sérieusement évolué dans son discours après avoir pris la mesure de la gravité de la situation et son incapacité à retourner la manivelle de l’histoire dans son sens. Bien plus, que Mende se soit permis de déclarer tout haut que sa famille politique se pliera à la Constitution, il y a de bonnes raisons de dire que les lignes sont en train de bouger. La Majorité se serait rendue à l’évidence qu’elle ne saurait plus protéger son autorité morale dans la prochaine course à la présidentielle.

 

En faisant évoluer sensiblement son langage, la MP doit avoir certainement été saisie de toutes ces susceptibilités constitutionnelles qui ne donnent aucune chance de survie à son autorité morale après la date du 20 décembre 2016.

 

Hier’ jeudi devant la presse, Lambert Mende s’est montré moins arrogant que d’habitude. A une question de la presse, il a rassuré : « On ne peut pas affirmer que les élections dépendent du dialogue ». Du coup, il a rabattu le caquet à tous ceux qui prétendaient que sans dialogue il y aurait le chaos ou le déluge. Ils ont fait croire à l’opinion nationale que les élections, notamment la présidentielle, étaient liées à la tenue du dialogue.. De mieux en mieux, Lambert Mende a finalement lâché le pavé : « Les élections se dérouleront conformément à la Constitution ». C’était tout dire, s’agissant notamment de la présidentielle prévue en novembre 2016.

 

Insistant sur le fait que «les élections sont inéluctables », Lambert Mende a également rappelé que lés élections en 2006 et en 2011 ont été organisées « sans dialogue ». Quand bien même les « incidents» seraient survenus après la publication des résultats. Pour le porte-parole du gouvernement, le dialogue politique «réclamé par « un parti politique, l’UDPS » et convoqué par le président de la République devrait permettre de «prendre de bonnes résolutions pour des élections démocratiques et apaisées». « Il faut faire la part des choses », a-t-il averti avant d’indiquer que le dialogue est dans la « catégorie politique » tandis que les élections font partie de la « catégorie institutionnelle ».

 

Ainsi, en faisant évoluer sensiblement son langage, la MP doit avoir été saisie de toutes ces susceptibilités constitutionnelles qui ne donnent aucune chance de survie à son autorité morale après la date du 20 décembre 2016.

 

Hier jeudi devant la presse, Lambert Mende est paru doux et moins arrogant que d’habitude. Ce n’est cependant un chèque en blanc. Car, à tout moment, la MP peut toujours surprendre. Une sagesse de Virgile dit : « Je crains les Grecs, même quand ils apportent des cadeaux ». Depuis ce retournement historique de la bataille de Troie, cette sagesse guide différents protagonistes lorsqu’il s’agit de s’engager dans, une bataille – quel qu’en soit le genre.

 

Quand la MP dit être prête à se plier à la Constitution, qu’est-ce à dire exactement ? De prime abord, on sait que les principaux ténors de la MP, principalement son secrétaire général, Aubin Minaku, a toujours clamé que l’autorité morale de la MP, en l’occurrence le chef de l’Etat Joseph Kabila ne va jamais trahir la Constitution. Mais, dans l’entendement de la MP, le respect de la Constitution passerait par le respect de l’alinéa 2 de l’article 70 de la loi fondamentale qui dispose qu’ « A la fin de son mandat, le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau président élu ».

 

Toutefois, la MP ignore que la Constitution insiste bien sur le président « élu » et non à « élire ». Ce qui, d’une certaine manière, écarte de la course présidentielle le président Kabila.

 

PLEIN RESPECT DU DÉLAI CONSTITUTIONNEL

La MP aurait-elle eu vent de la déclaration faite le même jeudi, depuis Strasbourg, par le Parlement européen ? A l’instar de la Commission européenne qui a insisté 48 heures auparavant, soit le 8 mars 2016, sur le respect de la Constitution et la protection des droits de l’Homme en cette période électorale, tes députés européens sont revenus sur le dossier en exhortant les autorités congolaises « à présenter sans délai un calendrier électoral et un budget pour les élections présidentielles dans le plein respect du délai constitutionnel ».

 

S’inscrivant dans la démarche maintes fois répercutée par les Etats-Unis et d’autres partenaires au développement, le Parlement européen a donc réaffirmé la nécessité pour la RDC de e concentrer sur la présidentielle, seule élection essentielle et faisable en cette année 2016.

L’eurodéputée S&D Marie Arena, coordinatrice de la commission des droits de la femme et égalité des genres, est parue plus directe en déclarant que « Notre priorité est d’éviter une nouvelle crise. Les autorités congolaises doivent respecter la Constitution et organiser des élections libres et transparentes ».

 

En interne comme à l’extérieur, la pression est telle que la Majorité devait tôt ou tard faire bouger ses lignes de défense. L’intrusion de Mende augure d’un changement de stratégie dans la cour du chef de l’Etat.

Sans doute, la MP a compris qu’une confrontation avec toutes les puissances de ce monde lui serait totalement préjudiciable. D’où, cet assouplissement de langage, dont Mende se fait le porte-étendard. On doit s’attendre à d’autres surprises, dans les rangs de plus durs de la MP.

 

Pour le peuple qui continue à croire en la tenue des élections en 2016, c’est juste une bataille qui est gagnée et non la guerre. La victoire consistera en l’effectivité de l’alternance démocratique et installation au 20 décembre 2016 d’un nouveau président « élu » et non « à élire ». Pendant ce temps, la vigilance s’impose.

Avec LE POTENTIEL

 

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