Rwanda : les députés ouvrent la voie à un 3e mandat pour Paul Kagame

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Kagame

 

Sans grande surprise dans une chambre acquise au FPR et ses alliés, les députés rwandais ont adopté jeudi 29 octobre à l’unanimité un projet de réforme de la Constitution ouvrant la voie à un 3e mandat pour le président Paul Kagame en 2017. Ce processus de réforme avait été enclenché cet été, après que le Parlement ait assuré avoir reçu des millions de demandes de rwandais réclamant un maintien au pouvoir du chef de l’Etat. Et jeudi, la Chambre des députés a donné son feu vert, non pas seulement à un, mais potentiellement à trois nouveaux mandats pour le président Kagame.

Si l’article 101 remanié maintient la limite de deux mandats présidentiels et diminue simplement de sept à cinq ans la durée du mandat, un autre article, le 172, introduit une nuance. Cet article permet à Paul Kagame d’être réélu en 2017 pour un mandat de sept ans, puis par la suite, de briguer les deux mandats de cinq ans prévus par la nouvelle loi fondamentale.

La présidente de la Chambre des députés Donatille Mukabalisa a refusé de rendre public le texte voté ni même de lire cet article 172 à la presse. Mais elle a ouvertement démenti que cet article soit fait sur mesure pour Paul Kagame. « On n’a pas voté une loi pour une seule personne. Tout Rwandais qui va présenter sa candidature à la présidence de la République sera élu après 2017 pour un mandat de sept ans, il peut être réélu selon ce que prévoit l’article 101. C’est pour tout candidat à la présidence de la République, c’est pas seulement pour le président Kagame », a-t-elle martelé.

Pour être définitivement adopté, ce texte doit être maintenant voté au Sénat puis être soumis à référendum. Mais si cette Constitution remaniée est adoptée en l’état, Paul Kagame pourrait en théorie rester au pouvoir jusqu’en 2034.

« Un glissement de régime vers une dictature »

L’opposition n’a pas tardé à critiquer ce vote. Si Franck Habineza, président du Parti vert démocratique, salue le passage des mandatures de sept à cinq ans, en revanche, il estime que l’introduction de cet article 172 dans la Constitution est incohérente. « Nous allons demander au Sénat de réexaminer cet article et de supprimer ses incohérences. C’est incohérent parce que le président n’a pas encore affirmé lui-même qu’il se présenterait à la présidentielle. La Constitution ne peut pas être écrite pour une seule personne, mais pour le peuple. »

Un avis partagé par Joseph Bukeyé, 2e vice-président des FDU et président d’une plateforme regroupant cinq partis d’opposition. Inquiet, il appelle la communauté internationale à se pencher sur le cas du Rwanda. « Qu’on ne reste pas les yeux braqués sur le Burundi et le Congo mais qu’on regarde ce qui se passe au Rwanda. On est en train d’assister à un glissement de régime vers une dictature. Et si ça continue comme ça, la crainte c’est que les gens réalisent qu’il n’y a pas moyen d’assurer une alternance politique à ce pays et qu’ils recourent à la violence… »

Un article de RFI

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