Le Sénégal s’est une fois de plus confirmée comme l’une des démocraties les plus stables du continent avec le retour au pays, bien que sous tension et émoue, de l’ancien président Abdoulaye Wade.
Après un report de 48 heures, Diombor (comme l’appelait l’écrivain Senghor) a finalement foulé le sol sénégalais ce vendredi 25 avril après une escale prolongée au Maroc.
Si Wade s’est éxilé volontairement pendant deux ans à Versailles, il a toutefois accusé le gouvernement de son successeur d’avoir manoeuvré pour retardé son retour au pays et par conséquent élonger de deux jours son sejour à Casablanca. Son jet privé s’y était posé depuis le mercredi 23 avril.
“J’ai compris depuis longtemps que Macky Sall ne veut pas que j’arrive de jour”, avait déclaré jeudi l’ex-chef de l’Etat.
Cela dit, Abdoulaye a finalement réalisé un retour “hautement politique” comme il avait lui même avoué dans une interview faite avec le quotidien Le Monde quelques jours avant son départ de la France où il résidait depuis sa défaite aux présidentielles de 2012.
Un retour politique en effet car Wade vient avec l’intention de sortir son parti politique, le PDS, d’une crise de leadership qui la frappe depuis le départ en exile de celui qui détient jusqu’à ce jour le poste de secrétaire général.
“À l’heure actuelle, le PDS(Parti Démocratique Sénégalais) est le parti majoritaire, même s’il est dispersé du fait de l’absence d’un leader capable de fédérer tout le monde” avait-il concédé.
Hormis son parti politique, Wade se veut aussi le messi venu sauvé le peuple sénégalais d’une pauvreté qu’il n’a pourtant pas pu éradiquer pendant ses 12 ans au pouvoir.
Il déclare : “J’ai senti à distance les souffrances du peuple. J’ai décidé de rentrer pour lui indiquer la voie”
Puis d’ajouter : “Quand j’étais président, il y avait du chômage, mais j’ai créé beaucoup d’emplois, attiré de gros investissements qui ont fait de Dakar une ville moderne avec des infrastructures remarquables. Aujourd’hui, on assiste au départ des entreprises étrangères que j’avais fait venir.”
De retour donc pour sauver sa patrie, sa famille politique mais aussi sa famille biologique. En effet, Wade compte aussi apporter son soutient à son fils Karim Wade qui est en détention préventive et en instance juridique depuis prés d’une année.
Wade a la conviction que son fils est un prisonnier politique de son successeur, qu’il accuse en outre de faire la chasse au sorcier contre les membres du PDS en s’appuyant sur la CREI (la Cour de répression de l’enrichissement illicite).
Ses propos à l’agence de presse le Monde confirment la thèse ci-dessus. Je cite : “Dès le lendemain de son élection, Il(Macky Sall) a commencé à faire campagne pour être réélu en 2017. S’il a mis mon fils Karim en prison, c’est parce qu’il voyait en lui le seul rival capable de l’affronter”.
“Je veux la paix et la démocratie mais, s’il persiste à maintenir des innocents en prison, j’utiliserai tous les moyens légaux pour combattre son régime.” Fin de citation.
Karim, aussi ancien Vice-président du pays est inculpé pour enrichissement illicite. L’État l’accuse de s’être approprié illégalement d’une fortune de plus de 200 millions de dollars. L’inculpation initiale parlait de plus 1 milliards de dollars.
Une forte présence de la police anti-émeute était remarquable au siège du PDS pendant que Wade y livrait son discours quelques heures après son arrivée à Dakar.
Erick Bukula
Voice Of Congo