Une chaude journée annoncée ce lundi 4 août à Kinshasa. Les opposants ont décidé de passer à l’action. Au centre-ville, le Front Populaire de Lisanga Bonganga va déposer, après un sit-in, à l’Ambassade des Usa, un mémo en soutien au Président Obama pour l’encourager à s’investir davantage en faveur de la démocratie et de l’alternance en RDC.
Lisanga dit avoir saisi par écrit, pour dispositions, le gouverneur de la Ville-province de Kinshasa ainsi que le patron de la Monusco. A la place Sainte-Thérése de N’djili, à l’extrême Est de la mégapole congolaise, le meeting de l’Opposition, prévu pour ce lundi 4 août, reste maintenu. C’est ce qui a été donné à La Prospérité d’apprendre au sortir d’une matinée politique, le jeudi 31 août, de l’Union pour la Nation Congolaise, la formation politique dirigée par Vital Kamerhe. Même son de cloche du côté de l’Udps où, selon un correspondant du journal, Etienne Tshisekedi aurait donné sa bénédiction à la réussite de ce meeting.
Les militants ou, mieux, « les combattants », au repos depuis environ trois ans, désirent ardemment reprendre du service. Ils piaffent d’impatience pour démontrer leur expérience de la rue et, le cas échéant, défier les forces de l’ordre. A deux jours du jour-j, rien ne semble entamer le mental des « combattants » qui entendent déclencher, depuis Sainte Thérèse, leur ultime bataille politique. C’est cette fois-ci ou jamais, entend-on dire. Tshisekedi et Kamerhe peuvent compter sur le soutien de Martin Fayulu avec son Ecidé. Lui aussi a le vent en poupe, depuis un certain temps. Les sorties de Fayulu en public commencent à drainer du monde dans la partie Ouest de Kinshasa. Certaines sources ont confirmé la participation du Mouvement de Libération du Congo de Jean-Pierre Bemba. Si, depuis sa cellule de la CPI, Bemba appelait ses militants à grossir les rangs des manifestants à Sainte Thérèse, le meeting test risque de faire tache d’huile, s’il réussissait. En effet, les organisateurs voudraient envoyer un message au pouvoir : « le peuple doit savoir refuser et dire non sans offenser, en dehors des hémicycles ». A aller au-delà des apparences, ça devrait être le début de la contestation institutionnelle. L’opposition réalise ainsi qu’il lui est difficile de remporter la moindre bataille au sein des Institutions où la mouvance présidentielle est largement majoritaire. Autrement dit, si le projet de révision doit passer par le Congrès, il ne faudra pas compter avec l’opposition. Lorsque l’on scrute à la loupe le comportement des animateurs des Institutions, il se dégage une solidarité déconcertante. Tous seront bientôt fin mandat, s’ils ne le sont pas déjà comme le Sénat, les Assemblées provinciales et les exécutifs provinciaux.
Reste à savoir jusqu’où iront les partis politiques de l’opposition représentés au Parlement, engagés dans la contestation. Vont-ils suspendre leur participation aux travaux de l’Assemblée nationale et du Sénat ? Auront-ils le courage de retirer leurs représentants à la Commission Electorale Nationale Indépendante ? On ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs. Autant on demande au peuple de se mettre débout, autant les dirigeants de l’opposition ont l’obligation de prêcher par l’exemple, y compris au prix du renoncement aux prébendes. Si et seulement si, ils tiennent à avoir des résultats probants. Dans l’hypothèse où la voie référendaire était privilégiée, le Congo ne sera pas, pour autant, sorti de la zone de turbulences. Organiser un référendum constitutionnel sur toute l’étendue du territoire national nécessite d’importants moyens financiers. Rien n’indique que, sans un appui financier de la Communauté internationale, le Gouvernement arriverait, seul, à tenir le coup. Bien plus, l’élection législative partielle de Befale à l’Equateur n’aurait pas eu lieu, sans le concours logistique de la Monusco. Pour terminer, comment en faire accepter les résultats devant une hostilité nourrie de la société civile, de l’opposition et de certains envoyés spéciaux ? On n’en est pas encore là.
La Pros.