C’est avec beaucoup de souffrances que nous devons écouter certains professeurs de notre République Démocratique du Congo comme dans le cas de la dernière sortie médiatique de Mbuyu et Muilanya au sujet de la possible candidature de Joseph Kabila à la présidence de la République en 2023, ou encore plus tard.
En fait, ces professeurs politiciens kabilistes pensent qu’il n’y a pas d’obstacle constitutionnel qui empêcherait l’ex président de la RDC, après ses deux mandats passés à la tête du pays, de postuler encore à la présidence. Ma réaction à ce sujet n’est pas essentiellement politique mais plutôt académique ou scientifique si vous voulez.
Un professeur est un docteur ou celui qui a conquis le titre académique le plus sublime. Le mot docteur venant du latin docere ou enseigner (avec autorité), le docteur est donc un maître ; il est censé être doctor creatus ou un sujet capable de produire des connaissances utiles pour la société. A ce titre il n’est ni un répétiteur des discours ni un suiveur des masses, mais plutôt un leader intellectuel ou une lanterne de la pensée et d’action pour le changement et l’évolution de l’homme et son environnement sous ses plusieurs aspects.
Précisons que l’artisan de l’intellect est celui qui s’élève au-dessus des confusions paranoïaques de tout le monde pour aller contempler la beauté, l’élégance et l’unicité des théories au sens platonicien du langage. Un professeur est en effet un acteur qui a l’avenir de la jeunesse et même de la société en général entre ses mains, il façonne tous grâce à son talent de savant. Par conséquent, on attend de lui la vérité et l’éthique et ce, même quand il parle en dehors du milieu scientifico-académique.
Cela étant, les propos de Mwilanya et son confrère énervent plus que ceux d’Emmanuel Shadary alors qu’en privé je me disais que Mwilanya en découdra avec Shadary. Pour les professeurs Mwilanya et Mbuyu il n’y a aucun obstacle constitutionnel qui empêcherait Kabila, leur président du parti, à être leur candidat à la présidentielle, et encore lui, en 2023 ou plus tard. Mais il faut préciser que messieurs les professeurs parlent de la matière qui est désormais plus que connue par les élèves de l’école maternelle en RDC : Kabila ne sera jamais plus candidat ni à la présidence de la république ni encore moins à toute autre fonction à mandat électif en RDC, sauf s’il va au Cameroun par exemple, mais je crois que même là les camerounais ne l’accepteront pas.
Mwilanya et Mbuyu ont donc menti délibérément l’opinion en général et leurs étudiants en particulier, ils ont manqué au devoir de vérité dans leurs adresses. Mais ils ont aussi manqué à l’éthique pour deux raisons : d’abord parce qu’ils ne sont pas des hommes universels dans leurs réflexions respectives étant donné qu’ils ont été trop peu rationnels, et aussi parce qu’ils n’ont pas honte de raconter des balivernes sur la place publique au risque de se faire humilier par leurs jeunes étudiants.
Voilà donc comment au pays de Lumumba la passion et le fanatisme politiques renvoient la raison au chômage. Pourquoi ce culte à Kabila qui peut-être, voudrait seulement penser à son futur encore incertain au regard de toutes les bévues qu’il a commises pendant son pouvoir ?
Qu’est-ce que ces professeurs ont découvert d’extraordinaire en un homme qui a travaillé pendant de longues 18 années sans convaincre le plus idiot des congolais. Puissent les étudiants en droit aider ces fameux professeurs à relire les articles de la Constitution, je parie qu’ils n’ont plus le temps d’y passer ne fut-ce qu’un coup d’œil rapide pour leurs multiples occupations politiques.
Le mandat interminable de l’AFDL nous a légué un pays où les hommes les plus attendus ne sont plus à distinguer d’avec le commun des mortels ; en plus de toute la misère dont nous sommes héréditaires de la génération politique « made in Kabila », nous assistons impuissants à cette macédoine d’intelligence sans cerveau et nous devenons pessimistes sur ce que deviendra le Congo en terme d’homme.
Que vaudrait la peine de souffrir de la qualité de nos licenciés de dernières années si les docteurs qui les forment sont ce que nous découvrons sur la scène publique ? Les doctorats eux-mêmes étant politiquement acquis, le Congo ne sortira de ce gouffre qu’au prix d’une révolution des téméraires.
J’invite donc les congolais à réserver une fin de non-recevoir aux discours de Néhémie Mwilanya et Jean Mbuyu que je peine à appeler professeurs au pays où ce mot est devenu un sobriquet. Et tout particulièrement, j’invite les juristes et les étudiants en droit, même s’ils sont du PPRD, à opposer une résistance farouche aux tortures que ces deux messieurs font subir à la science parce qu’à cause de ces fautes intentionnelles de leurs soi-disant prof ils ne comprendront plus comment interpréter certaines dispositions législatives de la République. La démocratie c’est aussi combattre intellectuellement la désorientation de l’opinion et du savoir scientifique.
Je ne m’engage pas à spéculer sur l’avenir de la coalition FCC-CACH qui ne tient qu’au fil trop léger de nécessité constitutionnelle, j’ai écrit à propos il y a quelques mois.
A BON ENTENDEUR …
Kankonde Mamba S., Ph.D.